Le gouvernement mettra en oeuvre les trois premières propositions débattues lundi matin au Sommet sur l'enseignement supérieur, notamment la création d'un conseil national des universités.

C'est ce qu'a annoncé le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, Pierre Duchesne, au terme du premier de quatre segments de discussions.

Toute la matinée, il a été question de la promotion de la qualité de l'enseignement et de la gouvernance des établissements.

Le gouvernement a fait trois propositions: adoption d'une loi-cadre sur les universités, révision des mécanismes de reddition de compte de façon à les rendre plus efficaces et création d'un organisme consultatif indépendant, soit le Conseil national des universités.

«Un très large consensus s'est installé rapidement sur le Conseil national des universités, au point où on peut annoncer que le gouvernement va de l'avant», a conclu le ministre Duchesne.

Le gouvernement entend nommer dans les prochains jours une personne «respectée du milieu» pour s'occuper de ce chantier de travail, a dit M. Duchesne. «Elle va pouvoir nous préciser le mandat et la composition pour qu'au mois de septembre on puisse aller vers un processus législatif», donc une loi.

Le gouvernement entend également «bouger rapidement» dans le cas des deux autres propositions, à savoir une loi-cadre et une meilleure reddition de compte.

Sur la question de la gouvernance, deux recteurs ont demandé au gouvernement de trancher la question de savoir si les étudiants ont le droit de grève ou non et, si oui, de l'encadrer pour éviter une crise comme celle du printemps dernier.

Le ministre Duchesne s'est fait très évasif: «On va voir comment évolue ce questionnement-là cet après-midi. On évaluera comment pouvoir l'aborder ou autre... On est à l'écoute des participants.»

D'entrée de jeu, la première ministre Pauline Marois a appelé les participants à faire preuve d'ouverture pour que «chacun fasse son bout de chemin».

Le Sommet «ne vise pas à tout régler en quelques heures», car des «désaccords» persisteront probablement sur certaines questions, a-t-elle rappelé. Le Sommet permettra plutôt de «rétablir le dialogue, rebâtir des ponts, retisser des liens» après la crise étudiante de l'année dernière.

Pour le premier segment des débats, la rectrice de l'Université McGill, Heather Munroe-Blum, qui avait qualifié le sommet de «farce» en raison de l'improvisation qui l'a entouré, a été la première à prendre la parole.

Elle s'est montrée favorable aux propositions du gouvernement, mais elle a rappelé que les universités s'opposent à tout ce qui remet en question leur autonomie.

La présidente des conseils d'administration des universités et chancelière de l'Université de Montréal, Louise Roy, s'est inquiétée de voir le travail des conseils d'administration dédoublé par la création d'un nouvel organisme dans le réseau universitaire.

Le Conseil national des universités sera «un deuxième pilier de l'intégrité», l'a rassurée le ministre Duchesne.

La création du Conseil des universités obtient l'appui de la majorité des participants. Les principales interrogations ont porté sur le rôle qu'il devra jouer, à savoir s'il sera seulement consultatif. Certains, dont la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), auraient souhaité qu'il ait des pouvoirs de recommandation.

M. Duchesne a répondu aux inquiétudes en indiquant que le ministre «garde toute son autorité».

Quant à la reddition de comptes, l'idée d'une plus grande transparence rallie les acteurs, mais la FEUQ et d'autres souhaitent que le vérificateur général du Québec puisse se pencher sur les états financiers des universités. C'est déjà le cas, ont rappelé des recteurs.

De façon générale, la qualité de l'enseignement n'est pas remise en question. C'est plutôt la qualité de la pédagogie qui est fragile, a souligné le président de la Fédération québécoise des professeurs d'université (FQPPU), Max Roy. Il a rappelé qu'il manque au moins  813 professeurs dans les universités.

Par ailleurs, la loi-cadre sur les universités annoncée par Québec ne fait pas l'unanimité. Certains auraient préféré une simple politique avec des principes directeurs.        

Le recteur de l'Université Laval, Denis Brière, a souligné l'importance de respecter les particularités de chacune des universités.

Formation collégiale

Le réseau collégial a été davantage au coeur des discussions en après-midi.

Le gouvernement annonce la création d'un chantier sur l'offre de formation collégiale au Québec et l'établissement de créneaux dans certaines régions.

Ce deuxième de quatre segments de discussions portait sur la recherche, la collaboration entre les établissements d'enseignement et le soutien aux étudiants en difficulté. Il a suscité peu de positions divergentes.

Au terme de la discussion, le ministre Pierre Duchesne a annoncé la création du chantier de travail dont le rapport préliminaire est attendu pour le mois de décembre. Le rapport définitif et les recommandations seront remis en juin 2014.

La présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Éliane Laberge, s'en réjouit. «On va pouvoir discuter de la répartition des programmes, de la façon dont on donne les permis», a-t-elle dit.

La FECQ veut profiter de l'occasion pour parler de l'idée d'un déploiement plus cohérent du réseau collégial afin d'éviter les dédoublements. Elle souhaite aussi que la question des cégeps en difficulté de recrutement soit à l'ordre du jour.

Le ministre Duchesne a aussi confirmé une somme de 15 millions pour l'arrimage entre les cégeps et les universités et annoncé l'implantation de quatre «centres d'expertise de reconnaissance des acquis et des compétences».

Le gouvernement Marois promet par ailleurs de réinvestir dans la recherche grâce à une politique nationale sur la recherche et l'innovation qui sera dévoilée en juin. On savait déjà que des assises seraient tenues en avril pour mettre au point cette politique.

Le Sommet sur l'enseignement supérieur, qui s'est ouvert ce matin à Montréal, se termine mardi midi.