Camps d'été toutes dépenses payées en Chine, bourses d'études, voyages à coûts minimes et enseignants «prêtés» dans les écoles, le gouvernement chinois ne ménage aucun effort pour promouvoir la culture chinoise à l'étranger.

Deux organismes sont consacrés à cette fin. L'Institut Confucius est un organisme à but non lucratif établi dans une centaine de pays, dont le Canada, pour établir des ponts entre le peuple chinois et les autres peuples.

Il est établi au Québec depuis 2007, dans les locaux du collège Dawson, à Montréal, et de l'Université de Sherbrooke. Une dizaine de professeurs, pour la plupart des Québécois d'origine chinoise, y enseignent la langue et la culture chinoises.

Le Hanban est pour sa part un bureau de promotion de la langue chinoise qui relève directement du ministère de l'Éducation de la Chine. Plus de 350 professeurs chinois, recrutés sur une base volontaire, enseignent le mandarin à l'étranger.

Les écoles qui les accueillent doivent fournir le logement et verser une petite allocation mensuelle d'environ 500$.

Par l'entremise du Hanban, des camps d'été et des voyages culturels pour les élèves sont aussi organisés en Chine. Dans bien des cas, les jeunes n'ont qu'à payer le billet d'avion.

Des bourses sont aussi offertes pour apprendre le mandarin en Chine pendant un an, toutes dépenses payées. La commission scolaire Marguerite-Bourgeoys a obtenu deux de ces bourses pour des élèves de 5e secondaire cette année.

Malaise autour de la politique

Cette promotion intense de la part de la Chine suscite toutefois des interrogations.

«Quand on est dans le secteur de l'éducation, il faut être capable de développer un esprit critique. Pour moi, le style de gouvernance de la Chine doit poser des questions. Sur le plan de la démocratie, des droits de la personne, est-ce que cet espace est préservé? Je pose la question», lance le critique de l'opposition en matière d'enseignement primaire et secondaire, Sylvain Gaudreault.

La question suscite visiblement un malaise. «Je ne suis pas un politicien, je suis un éducateur», répond le directeur général adjoint à la formation continue au Centre éducatif Marguerite-Bourgeoys, Wojtek Winnicki.

«Je suis envoyée par mon pays, j'ai certaines règles à suivre», explique Xiangling Jiang, enseignante du Hanban. Les sujets politiques sont difficiles à aborder dans le cadre d'un cours d'initiation à une nouvelle langue, fait-elle valoir en précisant que les élèves peuvent en discuter avec elle en privé, après les cours.

Le malaise va bien au-delà de l'enseignement du mandarin, note le politologue et spécialiste de la Chine à l'Université de Montréal, Loïc Tassé.

Il vient surtout du fait que la prochaine puissance mondiale sera un pays autoritaire. «Le monde dans lequel on va vivre va changer, c'est certain. La question à se poser est: faut-il se couper pour autant de l'accès à la recherche de pointe? Faut-il se couper pour autant de l'accès à toutes sortes de circuits économiques?»

La montée de la Chine est bien réelle, au point où plusieurs réalisent que ce sera un atout de parler le mandarin, ajoute M. Tassé.