Après avoir déferlé sur les rues de Montréal, la vague rouge s'est abattue sur le Métropolis, hier soir, où plusieurs gros noms du monde de la chanson, de la télé et de l'humour ont offert un vibrant appui aux étudiants en grève.

« Qui doit se sacrifier un peu plus? Les minières ou les parents? Les banques, ou les étudiants », a demandé, sous les applaudissements, le comédien Jacques L'Heureux, alias Passe-Montagne, en début de spectacle. Même si la majorité des étudiants sont trop jeunes pour l'avoir vu à la télé avec son noeud papillon, il a reçu une ovation quasi hystérique avant de lire un texte sur sa vision de l'éducation.

Très festif (et très rouge), l'événement baptisé l'HAUSSEtie D'SHOW, en clin d'oeil au spectacle culte du même nom (ou presque) donné en 1968, était animé par l'acteur Paul Ahmarani. Sur son chandail rayé, comme sur celui de la majorité des membres de la petite foule, tranchait le désormais célèbre carré rouge.

Plus de 40 ans après le véritable Osstidcho, la Coalition large de l'Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante avait troqué les Louise Forestier, Yvon Deschamps et Robert Charlebois de l'époque pour une brochette tout aussi imposante d'artistes de plusieurs âges, langues et horizons, qui ont performé gratuitement durant plus de trois heures au nom de l'éducation publique. « Un spectacle gratuit comme devrait l'être l'éducation », a lancé Jeanne Reynolds, porte-parole du mouvement étudiant.

Sur la scène : les Zapartistes (avec un portrait de la reine), le rappeur Manu Militari, le groupe Nomadic Massive, les chanteurs Paul Piché, Michel Rivard, Tomas Jensen, Chloé Ste-Marie, Dan Bigras, Martin Léon et bien d'autres portant tous un accessoire à la couleur de la grève. Les cheveux, pour Chloé Ste-Marie, qui a entonné un « fuck you Charest » en interprétant la chanson To be or not to be la vie écrite par Gilles Carle. « Yeahhhhhhhhh », lui a répondu la jeune foule en tapant des mains et des pieds.

« L'injustice, ça me fait chier. Je n'arrive pas à croire que le gouvernement va investir autant d'argent dans les mines et les routes pour le Plan Nord et qu'il veut faire payer plus cher aux étudiants », a-t-elle confié en marge de l'événement.

Paul Piché, qui a reçu un des accueils les plus chaleureux de la soirée, a fait monter l'énergie d'un cran avec une version enlevée de Y a pas grand chose dans l'ciel à soir. « Une chanson que j'ai écrite quand j'étais étudiant, comme vous », a-t-il dit. L'homme, qu'on voit régulièrement endosser des causes, estime que les artistes agissent à titre de porte-voix dans le dossier des droits de scolarité, qui gagne des appuis chaque jour.

Les Zapartistes, comme plusieurs autres  invités, ont fait référence au Printemps arabe. « Vous êtes notre printemps », a hurlé Christian Vanasse au public en liesse.

Selon plusieurs jeunes spectateurs, la tape dans le dos qu'ils ont reçue au Métropolis donnera un nouveau souffle à leur mouvement.

« Ça montre qu'on n'est pas tout seul dans ça et ça nous donne envie de continuer », disait Mathieu Bergeron, étudiant en études littéraires à l'UQAM, assis à même le sol quelques minutes avant le début du spectacle. « Socialement, ils ont plus de crédibilité. Ils donnent du poids à notre cause », a ajouté une étudiante en biologie à l'Université de Montréal.