Décapitations, assassinats, mutilations: les actes brutaux se multiplient en Afghanistan récemment. À l'évidence, la campagne de terreur menée par les talibans ne fera pas relâche cet été.

«Depuis quelques temps, les talibans ont fait monter la pression», a affirmé le brigadier-général canadien Craig King, directeur des plans futurs au commandement régional du sud de l'Afghanistan. «En exposant les civils à de telles violences, ils ont démontré à quel point ils sont cruels», a-t-il ajouté.

Cette brutalité pourrait bien être causée par l'afflux récent de combattants étrangers en Afghanistan. Toutefois, pour certains officiels de la coalition, les talibans agissent en désespoir de cause puisqu'ils voient leur leadership menacé.

Cette semaine, des insurgés ont décapité six membres de la police nationale afghane dans la province de Baghlan, au nord du pays. «Cet incident démontre encore une fois la barbarie, la brutalité et l'absurdité des actes commis par les talibans», a déclaré le colonel Raphaël Torres, directeur de la Force internationale d'assistance à la sécurité de l'OTAN.

Même s'ils ont été chassés du gouvernement en 2001 par les forces de la coalition, les talibans continuent à contrôler certaines zones du pays - surtout leurs fiefs situés au sud du pays - avec une main de fer.

Et ils ont recours aux mêmes moyens coercitifs et brutaux pour s'assurer que la population se plie à ses règles. Récemment, dans la province de Zabul, un enseignant s'est fait couper l'oreille parce qu'il enseignait.

Dans le district de Panjwaii, situé dans la province de Kandahar, les talibans distribuent des tracts aux villageois pendant la nuit. On leur promet des conséquences s'ils collaborent avec les troupes canadiennes ou avec l'OTAN.

Les équipes de psychologues militaires tentent de réfuter la propagande qui émane des talibans en visitant ces villages, mais ils se heurtent à un obstacle majeur: la peur.

«Il y a des espions et des sympathisants des talibans dans les villages, explique le sergent Tyson Martin. Le message se transmet rapidement: si une personne est vue en train de converser avec l'un de nous, il y a des risques qu'elle soit menacée ou tuée.»

«C'est arrivé plusieurs fois dans le passé», précise le militaire.

Les talibans se sont aussi mis à isoler les hameaux, craignant que les villageois ne se rebellent. Afin de réduire les échanges au minimum, les talibans imposent un couvre-feu et interdisent la possession de cellulaires.

«Les insurgés savent fort bien que sans l'appui de la population, ils sont complètement impuissants, conclut le sergent Martin. Par contre, arriver à en convaincre les gens, c'est une autre histoire.»