L'eau a baissé de 2 à 4 centimètres, dimanche, dans la rivière Richelieu et le lac Champlain, apportant un certain soulagement aux occupants des 3000 résidences touchées par des inondations historiques.

Mais les sinistrés doivent prendre leur mal en patience. Car même si Environnement Canada prévoit du beau temps cette semaine, les autorités envisagent une baisse très lente du niveau de la rivière.

«On prévoit que l'eau va continuer de baisser à ce rythme de 2 à 4 centimètres par jour jusqu'à vendredi», affirme le directeur régional de la Sécurité publique de la Montérégie, Yvan Leroux.

Avant de revenir à son niveau normal pour cette période-ci de l'année, l'eau devra baisser de 1,10 mètre. «Il faudra être patient», reconnaît M. Leroux.

Cette longue attente à venir décourage plusieurs évacués. Nancy Hébert et Éric Galipeau sont de ceux-là. Ils se sont réfugiés à l'hôtel Holiday Inn de Saint-Jean-sur-Richelieu il y a deux jours. Ils attendent de regagner leur maison de Saint-Blaise, qu'ils occupent depuis 10 ans.

Le couple songeait depuis quelques mois à vendre sa maison, mais il reportait sans cesse son projet. «Maintenant, ça va être dur, voire impossible de la vendre. Je ne vous le cacherai pas: on est très fatigués et découragés, dit M. Galipeau. On ne sait pas quand tout va revenir à la normale.»

Le maire de Saint-Jean-sur-Richelieu, Gilles Dolbec, a voulu inciter ses citoyens à garder le moral en qualifiant la baisse du niveau des eaux «d'encourageante». Le maire a rappelé aux citoyens dans le besoin qu'il est maintenant possible de téléphoner au 811 pour obtenir du soutien psychosocial.

Protection accrue

En conférence de presse en fin de journée, le porte-parole de la Sûreté du Québec, Michel Brunet, a quant à lui voulu rassurer les 1000 citoyens évacués, dont plusieurs craignent que leur maison abandonnée ne soit pillée.

Il a expliqué que depuis le début des inondations, aucun vol ou méfait n'a été constaté. «On maintient malgré tout nos effectifs. Et à la demande des maires de Noyan et de Saint-Paul-de-l'Île-aux-Noix, on augmentera nos patrouilles dans ces municipalités pour que les citoyens aient un sentiment de sécurité», a déclaré le lieutenant Brunet.

Cette intensification des patrouilles rassurera Daniel Lamer, qui a dû quitter sa maison de Noyan vendredi et qui craint depuis le vol de ses biens. «On ne voit pas les policiers! Et il n'y a personne dans les maisons! Il faut plus de surveillance», a dit ce sinistré, rencontré dimanche après-midi dans l'hôtel où il s'est réfugié avec sa famille.

Des soldats à l'eau

Actuellement, 764 militaires des Forces canadiennes prêtent main-forte aux sinistrés des 20 villes inondées de la vallée du Richelieu.

Dimanche midi, l'une des équipes de l'armée s'est retrouvée dans une situation embêtante dans le chemin du Bord-de-l'Eau Sud, à Noyan. Une portion de la route était fermée à la circulation par des blocs de béton.

Un véhicule tout-terrain de l'armée a voulu contourner les blocs en passant sur le côté de la route. Mais l'espace était trop restreint, le véhicule a basculé sur le côté et s'est enlisé dans la boue.

Les quelques soldats qui se trouvaient dans le véhicule ont dû patienter plus d'une heure avant qu'une remorque de l'armée ne vienne les tirer de ce mauvais pas.

Les quelques citoyens sur place ont observé les soldats pendant de longues minutes, ne manquant pas de se moquer un peu d'eux.

Malgré ce petit incident, la présence des militaires est appréciée dans les villes sinistrées. À Venise-en-Québec, le conseiller Michel Vanier espère que les soldats resteront assez longtemps sur le terrain pour leur prêter main-forte.

«J'espère qu'ils ne partiront pas avant la phase de nettoyage. Il va y avoir plein de déchets à ramasser sur les terrains. Plein de sacs de sable à déplacer. On va avoir besoin d'eux longtemps», affirme-t-il.

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La situation se résorbe peu à peu ailleurs au Québec

Il n'y a pas que les habitants de la vallée du Richelieu qui sont affligés par des inondations. Les quantités abondantes de pluie tombées au cours des derniers jours ont fait déborder des cours d'eau aux quatre coins du Québec. Si la situation s'est grandement améliorée dans la majorité des régions touchées, quelques problèmes persistent.

Mauricie > Plusieurs résidences sont toujours touchées par les inondations à Yamamiche (150) et à Maskinongé (70). Seulement cinq maisons demeurent évacuées.

Estrie > Durant quelques jours, les autorités étaient en état d'alerte dans la municipalité de Weedon où le niveau du lac Louise avait considérablement augmenté. Quelques rues ont été inondées vers la fin de la semaine dernière. Dimanche soir, la Sécurité civile a indiqué que «tout était revenu à la normale».

Gaspésie > L'heure était au nettoyage dimanche en Gaspésie, où de nombreuses rivières ont débordé la semaine dernière. Dimanche soir, la route 299 demeurait toutefois fermée à la hauteur de Cascapédia, isolant une poignée de résidences. Par ailleurs, une vingtaine de maisons étaient toujours inondées à Gaspé au moment de mettre sous presse.

Chaudière-Appalaches > Au cours des derniers jours, la Sécurité civile a surveillé de près l'évolution de la hausse du niveau de l'eau dans la rivière Chaudière, la rivière Beaurivage, la rivière Saint-Lambert et le lac Etchemin. Dimanche, les autorités ont indiqué que la situation n'était plus critique.

- Daphné Cameron