Le cofondateur de Carboneutre, Benoit Ringuette, a terminé son témoignage ce matin à la commission Charbonneau. La commission a ensuite commencé à entendre André Antoine, qui est analyste à la direction régionale de Montréal du ministère de l'Environnement.

Après avoir raconté la «descente aux enfers» de son entreprise qui est tombée entre les mains du crime organisé, M. Ringuette sera appelé à expliquer les efforts des nouveaux dirigeants d'obtenir du financement du Fonds de solidarité de la FTQ.

Par l'intermédiaire de l'ex-directeur général de la FTQ-Construction, Jocelyn Dupuis, M. Ringuette a rencontré le président de la FTQ, Michel Arsenault, à deux reprises. Il a fait une présentation de la technologie développée par Carboneutre. M. Ringuette était accompagné de son collègue Yves Thériault qui avait des fioles pour imager la décontamination des sols.

_

Domenico Arcuri qui est lié à la mafia, était également présent. La question du financement n'a pas été abordée à ce moment-là bien qu'en coulisse, il était question d'obtenir un prêt de 5 millions de dollars du Fonds de solidarité, a affirmé M. Ringuette.

«C'était une approche préliminaire», a expliqué le témoin. 

Hier, la Commission a établi le lien entre Carboneutre, la FTQ-Construction et le Fonds de solidarité. Ce dossier permet, comme l'a souligné le procureur de la Commission, de décortiquer un dossier qui servira «d'exemple de l'infiltration du crime organisé». 

Benoit Ringuette a témoigné indiquant qu'il ignorait si le Fonds de solidarité avait refusé de prêter de l'argent. Il explique que le scandale des notes de frais de Jocelyn Dupuis qui a été révélé dans les mois suivants a «jeté une douche d'eau froide» sur le projet de Carboneutre.

C'est en 2005 que l'ingénieur Benoit Ringuette met en place un nouveau procédé de décontamination des sols. Il s'est lié avec l'homme d'affaires Yves Thériault qui devait s'occuper de trouver des investisseurs. Mais l'aventure s'est révélée plus difficile que prévu. Les dettes se sont accumulées. Devant la commission Charbonneau, Benoit Ringuette a parlé d'une véritable «descente aux enfers». 

Les problèmes se sont calmés lorsque Domenico Arcuri de Construction Mirabeau fait son entrée en scène. Benoit Ringuette a expliqué à la Commission que M. Arcuri lui est apparu comme un homme d'affaires «très occupé» et ayant beaucoup d'argent. Il ignorait ses liens avec la mafia.

Le 1er février 2008, M. Arcuri prend le contrôle de Carboneutre. 

Par la suite, M. Ringuette apprend que Raynald Desjardins est associé à l'entreprise. Il ne connaît pas le passé criminel de l'homme, mais il s'informe. «Internet, c'est merveilleux», a affirmé à la commission Charbonneau M. Ringuette avant d'ajouter qu'apprendre qui était vraiment M. Desjardins a eu l'effet «d'une tonne de briques».

Benoit Ringuette a finalement réussi à couper les ponts avec Carboneutre et les dirigeants qui étaient liés au crime organisé, après avoir payé quelque 400 000 $. En août 2012, M. Ringuette a réussi à se «débarrasser de tout ce monde-là», a dit le témoin.