(Québec) Malgré les promesses de la Coalition avenir Québec (CAQ), c’était « nécessaire » d’augmenter le nombre de fonctionnaires pour répondre aux besoins de la population, estime la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel.

La Presse a démontré mercredi que 10 000 fonctionnaires se sont ajoutés aux effectifs des ministères et des organismes depuis l’arrivée au pouvoir de la CAQ en 2018. C’est un bond de 14,4 %. La CAQ avait pourtant promis de sabrer 5000 postes.

« La taille de l’État a crû à un rythme qui était nécessaire », a soutenu Sonia LeBel lors d’une mêlée de presse au parlement mercredi. « Chaque fois, ce sont pour des services à la population », par exemple « le soutien aux victimes de violence conjugale » et « la francisation ». « Je considère que les postes qu’on a ajoutés, ce sont des postes qui étaient nécessaires pour la mission de l’État », a-t-elle insisté.

La ministre de l’Immigration, Christine Fréchette, a relevé que son ministère « a dû embaucher beaucoup plus de gens qu’initialement prévu parce que les besoins sont énormes » à cause de l’afflux de demandeurs d’asile.

Sonia LeBel a reconnu que la tendance à la hausse des effectifs se poursuivra, puisqu’une augmentation de postes est encore prévue cette année. « C’est un accroissement qu’on devra gérer de façon extrêmement serrée et rigoureuse et s’assurer que chaque fois qu’on ajoute des ETC [équivalents temps complet], c’est parce qu’il y a un besoin réel de la population à combler. »

Sonia LeBel a plaidé que même si les effectifs avaient augmenté au net, 5000 postes administratifs en ETC avaient été « coupés dans le premier mandat », ce qui « génère présentement des économies récurrentes de l’ordre d’à peu près 380 millions de dollars ».

Des économies « réalisées autrement »

Les documents de son ministère ne disent pas la même chose. Selon la Stratégie de dépenses 2022-2023, la promesse caquiste que le gouvernement voulait réaliser « impliquait une réduction de 5000 équivalents temps complet sur un horizon de quatre ans, pour l’ensemble des ministères, des organismes », mais la pandémie a nécessité des embauches et l’ajout notamment de « postes administratifs ». Le Trésor affirmait alors que les économies attendues seraient « réalisées autrement ».

« La cible de réduction attribuée au réseau de la santé et des services sociaux et celui de l’éducation ne pourra être réalisée au cours de la période souhaitée. Néanmoins, celles relatives aux ministères et aux autres organismes seront atteintes. Par ailleurs, les rendements budgétaires prévus de 381 millions seront réalisés autrement, permettant ainsi de respecter les objectifs du gouvernement d’ici 2022-2023 », peut-on lire.

Sonia LeBel entreprend une révision des dépenses des ministères dans le but d’effacer le « déficit structurel » de 4 milliards de dollars et de retrouver l’équilibre budgétaire d’ici 2029-2030 – deux ans plus tard que prévu. « Je dois convenir que le poste [budgétaire] de la rémunération, compte tenu que c’est plus de 50 % des dépenses du gouvernement, on ne peut pas faire l’économie de l’examiner. Quelle sera la solution où est-ce qu’on va atterrir ? Je ne présumerai pas de la conclusion avant que l’analyse soit faite. »

Pour le moment, ce poste budgétaire explose avec les hausses salariales de 17,4 % en cinq ans accordées aux employés de l’État.

Ce qu’en pense l’opposition

Alors qu’il promettait de couper des milliers de postes, on peut voir que tout le contraire s’est matérialisé. Est-ce qu’il y a des personnes, des fonctionnaires dont on pourrait se passer, qui viendraient diminuer la masse salariale de l’État en ne coupant pas des services de première ligne ? […] Il faut faire l’analyse.

Le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay

Oui, le nombre de fonctionnaires continue d’augmenter. Mais de toute évidence, on n’est quand même pas encore capables de livrer les services à la population dans des délais raisonnables. […] Il y a des besoins actuellement, donc, pour moi, ce n’est pas anormal de voir une croissance de l’État.

La députée de Québec solidaire Christine Labrie

C’est un bris d’une promesse phare du gouvernement qui disait vouloir dégraisser l’État. Nous, on n’est pas dans l’idéologie de réduire la taille de l’État pour réduire la taille de l’État. On veut que les Québécois en aient pour leur argent, que les payeurs des taxes puissent avoir des services pour les impôts qu’ils paient.

Le député du Parti québécois Joël Arseneau