Bien que l’on compte encore par milliers les HLM laissés vacants, notamment à cause de leur vétusté ou de travaux à faire, leur nombre a diminué au Québec dans la dernière année, indiquent des chiffres obtenus par La Presse.

Selon des données de la Société d’habitation du Québec (SHQ), il y avait, à la fin décembre 2023, 3993 logements de type habitation à loyer modique (HLM) vides depuis plus de quatre mois dans la province, contre 4689 en décembre 2022. C’est donc 696 appartements de moins qui ont été laissés vacants sur une longue période l’an dernier par rapport à l’année précédente.

Bien que les chiffres les plus récents soient encore préliminaires, « la tendance à la baisse est réelle et fiable », assure Sylvain Fournier, porte-parole de la SHQ.

Nous pouvons affirmer que la situation s’améliore au Québec en matière de logements vacants dans les HLM.

Sylvain Fournier, porte-parole de la Société d’habitation du Québec

C’est à Montréal que la diminution est la plus marquée. Il y avait, fin 2022, plus de 2400 HLM non habités sur un parc immobilier de quelque 20 810 logements gérés par l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) et 2926 HLM privés. Ce nombre avait baissé à 1800 logements vides depuis plus de quatre mois à la fin 2023, et aurait encore chuté pour passer sous la barre des 1500 à la fin du mois de février dernier.

L’année « 2023 et les premiers mois de 2024 ont été des périodes très actives en matière de travaux dans les HLM, ce qui a un effet direct sur les logements inhabités », dit Mathieu Vachon, porte-parole de l’OMHM. L’an dernier, 136,8 millions ont été investis à Montréal.

« Cela a permis notamment la réalisation de 150 chantiers majeurs, et la préparation de dizaines d’autres gros projets à venir. Ce budget inclut également une proportion qui a permis de remettre en état des centaines de logements vacants après le départ de locataires, explique M. Vachon. Tout cela a donc eu comme impact de réduire considérablement le nombre de logements vacants. »

Il reste que 6 % des HLM de la métropole demeurent vacants depuis plus de quatre mois.

Pour le Québec, on parle d’un pourcentage d’inoccupation sur la même période de 5 % sur un parc de quelque 74 350 logements.

Précisons que 34 252 ménages sont actuellement sur la liste d’attente pour un HLM ou pour obtenir un supplément au loyer public (qui permet d’habiter dans des logements privés en payant un loyer semblable à celui d’un HLM).

Quatre HLM sur cinq
en « mauvais état »

« En pleine crise du logement, il est désolant de constater que 5 % du parc HLM est encore vacant en raison de la vétusté de près de 4000 logements », déplore Robert Pilon, organisateur communautaire à la Fédération des locataires d’habitations à loyer modique du Québec (FLHLMQ).

La SHQ évoque trois raisons principales pour expliquer qu’un HLM soit vide durant une longue période. Certains sont inhabités parce que des travaux majeurs doivent y être effectués. D’autres sont jugés inhabitables ou insalubres et d’autres encore doivent être remis en état après le départ d’un locataire.

Juste à Montréal, quatre HLM sur cinq sont considérés en « mauvais » ou « très mauvais état », a révélé La Presse en décembre dernier. Ce sont 79 % des immeubles HLM de la métropole qui avaient un indice de vétusté de « D » ou de « E », la pire note, selon des informations qui avaient été fournies par l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM). La plupart demeurent habités malgré leur décrépitude.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

La vétusté est l’un des principaux facteurs d’abandon.

En 2020, les gouvernements du Québec et du Canada se sont entendus pour investir plus de 3 milliards pour remettre en état le parc de logements à loyer modique. En mai dernier, la SHQ a révélé son programme de rénovation des HLM, dans le cadre duquel seront dépensées les sommes promises.

Pour la Fédération des locataires d’habitations à loyer modique, Québec a déjà trop tardé. L’argent est disponible depuis plusieurs années, rappelle le regroupement. « Il est plus que temps que la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, utilise les 3,3 milliards disponibles […] pour enfin investir massivement dans la rénovation du parc public », dit Robert Pilon. La FLHLMQ invite le gouvernement à faire d’une pierre deux coups en profitant des travaux de remise en état pour densifier, lorsque c’est possible, les ensembles HLM.