(Sherbrooke) Déplorant une « situation extrêmement préoccupante », la ministre Sonia Bélanger veut soutenir le « modèle d’affaires » des résidences privées pour aînés (RPA) pour mettre fin aux fermetures en série. Une annonce est prévue d’ici les prochains jours.

« Depuis les cinq dernières années, il y a plus de 500 RPA qui ont fermé au Québec », a relaté la ministre déléguée à la Santé et responsable des Aînés à son arrivée au caucus de la Coalition avenir Québec, réuni à Sherbrooke pour deux jours afin de préparer la rentrée parlementaire.

« On a besoin de continuer de travailler avec nos RPA, mais à un moment donné, il y a aussi une limite à ce que le gouvernement peut investir », a-t-elle ajouté, rappelant que le gouvernement québécois a investi « plus de 300 millions » pour soutenir ces milieux d’hébergement depuis 2016.

Selon elle, le problème réside davantage dans le modèle d’affaires actuel des RPA. La ministre Bélanger présentera au cours des prochains jours des mesures « plus structurantes » qui viendront « pérenniser » le modèle d’affaires des RPA. « Je ne peux pas en parler parce que cette mesure-là doit être discutée au Conseil du trésor », a-t-elle dit.

Son cabinet a ensuite précisé qu’il s’agit d’un « nouveau programme » dont le financement a été prévu dans le dernier budget Girard.

Québec a réservé 316 millions sur cinq ans, dont 59,6 millions en 2023-2024, pour « maintenir les services offerts aux aînés, notamment pour améliorer le mécanisme d’allocation directe à la clientèle en perte d’autonomie en RPA ». Ce qui veut dire que le gouvernement pourrait revoir l’allocation offerte aux résidents qui payent pour recevoir des soins de santé en RPA.

La Presse rapportait mercredi que le milieu a atteint « un point de rupture » avec la hausse du coût de la vie et l’augmentation des taux d’intérêt. La pénurie de main-d’œuvre en santé exerce aussi une pression qui fait augmenter les coûts des soins. Pour plusieurs résidences, « les coûts nécessaires pour donner les services dépassent les revenus qu’elles génèrent », déplorait le Regroupement québécois des résidences pour aînés.

« En raison de la pandémie, des gestes ont déjà été posés par le gouvernement pour assurer la pérennité des services et des soins offerts en RPA », écrivait-on dans le budget, en mars dernier.

« Or, des résidences continuent de fermer leurs portes du fait de l’augmentation importante des coûts d’exploitation sous la pression inflationniste, comme ceux associés à la main-d’œuvre, aux assurances, à l’inflation et à la certification », ajoutait-on.

Selon une compilation de La Presse, la fermeture de 77 RPA en 2023 s’est traduite par la perte de 2700 places d’hébergement.

Contribution financière des usagers

À la suggestion de la commissaire à la santé et au bien-être, la ministre Sonia Bélanger examinera la recommandation d’imposer une contribution financière aux usagers qui bénéficient de services de soutien à domicile en fonction de leurs moyens. Cela voudrait dire qu’une personne qui reçoit du soutien à domicile pourrait payer une partie du service.

« Ce n’est pas un ticket modérateur », a nuancé Mme Bélanger. « On va regarder cette mesure-là comme l’ensemble des mesures. […] Mais, une chose est importante pour moi et pour le gouvernement, c’est de préserver nos services publics notamment en soutien à domicile dans un contexte de vieillissement de la population », a-t-elle ajouté.

Mme Bélanger a souligné que certains usagers choisissent déjà de « s’acheter certains services », mais « que pour les personnes qui n’ont pas les moyens, c’est important que le gouvernement soit présent ».

Avec Ariane Lacoursière et Katia Gagnon, La Presse

Étude sur les conséquences des évictions

La Direction de santé publique de Montréal (DRSP) en partenariat avec une chercheuse de l’Université du Québec à Montréal est à la recherche de participants pour une étude sur les conséquences d’une éviction d’une résidence privée pour aînés (RPA). L’objectif de cette recherche est de documenter les conséquences physiques et psychologiques de ces évictions sur la santé des aînés qui en ont été victime. Les participants seront invités à répondre de façon anonyme à un questionnaire en ligne ou par téléphone. Aucune information sur la RPA visée ne sera demandée. La recherche est menée par Hélène Bélanger, professeure au département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM. Cette chercheuse mène déjà d’autres études touchant le logement chez les aînés. Les participants éligibles à la recherche doivent être à risque ou avoir vécu une reconversion de leur RPA, ou en avoir été évincés, dans les quatre dernières années, à Montréal. Des membres de leur famille ou les proches aidants peuvent aussi contacter la chercheuse pour avoir plus d’information. Toute personne intéressée peut contacter directement Hélène Bélanger par courriel à belanger.helene@uqam.ca ou par téléphone au 514-987-3000 poste 5080.

Lila Dussault, La Presse