Un nouveau logo fera son apparition à l’épicerie. Les Producteurs de bovins du Québec annonceront, ce jeudi, la création de la certification « Bœuf du Québec ».

De la viande locale

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Des critères devront donc être respectés pour obtenir la nouvelle étiquette, noir et pourpre, sur son emballage : 100 % des animaux devront provenir de fermes du Québec et au moins 85 % d’entre eux devront être nés au Québec, notamment.

« Les Québécois aiment le bœuf et ils l’aiment le plus local possible. Avec cette certification, les producteurs souhaitent répondre à cette demande des consommateurs », se félicite Jean-Thomas Maltais, président des Producteurs de bovins du Québec, qui annoncera le lancement d’un nouveau logo lors du colloque annuel de l’industrie à Drummondville, ce jeudi. Qui dit certification dit cahier des charges. Des critères devront donc être respectés pour obtenir la nouvelle étiquette, noir et pourpre, sur son emballage : 100 % des animaux devront provenir de fermes du Québec et au moins 85 % d’entre eux devront être nés au Québec, notamment.

Le nouveau logo de la certification « Boeuf du Québec »

Le Québec friand de bœuf

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Le Québec est la province où il se consomme le plus de viande bovine au pays.

L’objectif de cette nouvelle certification est aussi d’encourager les producteurs de la province à élever davantage d’animaux localement, car les consommateurs sont friands de bœuf. Le Québec est en effet la province où il se consomme le plus de viande bovine au pays, selon le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (34,5 kg au Québec contre une moyenne de 26,4 kg dans les autres provinces, en 2018). « Mais on est très loin de l’autosuffisance », nuance M. Maltais. La province importe 85 % de son bœuf de l’Ouest canadien et des États-Unis, selon le syndicat des producteurs de bovins. Une petite quantité vient d’autres pays.

« Bœuf Québec » et « Bœuf du Québec »

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Le logo « Bœuf du Québec » s’ajoute au logo bleu « Bœuf Québec » qui existe depuis 2017. Ce dernier est réservé aux éleveurs de bouvillons.

Le logo « Bœuf du Québec » s’ajoute au logo bleu « Bœuf Québec » qui existe depuis 2017. Ce dernier est réservé aux éleveurs de bouvillons. Il s’agit d’une initiative de la Société des parcs d’engraissement du Québec. La certification « Bœuf du Québec » est plus large. « Est-ce que ça va nous nuire ? Je ne sais pas. Est-ce que ça va étourdir le consommateur ? Possiblement », répond Jean-Sébastien Gascon, coordonnateur du Partenariat Bœuf Québec, interrogé sur la confusion possible entre les deux logos. « C’est sûr que le consommateur ne passera pas 10 heures à essayer de comprendre le sujet », ajoute-t-il.

Un énième logo

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La certification verra d’abord le jour dans les épiceries Sobeys (IGA, Marchés Tradition et Marché Bonichoix).

Jordan LeBel, professeur titulaire du département de marketing de l’Université Concordia où il enseigne le marketing alimentaire, se montre ambivalent devant une énième certification qui verra d’abord le jour dans les épiceries Sobeys (IGA, Marchés Tradition et Marché Bonichoix). Le projet est d’étendre les produits certifiés aux autres épiceries, dans un avenir rapproché. « D’un côté, bravo aux producteurs de s’organiser, de faire le ménage dans un cahier des charges et d’amener un bon produit sur le marché et dans l’assiette des consommateurs. Mais d’un autre côté, est-ce qu’on a vraiment besoin d’une autre certification, sachant qu’il y en a déjà plusieurs ? Est-ce que ça va ajouter à la cacophonie ? », se demande-t-il.

Local, mais pas à tout prix

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

L’importance accordée à la provenance des aliments est en décroissance à cause de l’inflation et du coût du panier d’épicerie qui augmente, selon le dernier sondage réalisé par le Centre canadien pour l’intégrité des aliments.

Jordan LeBel trouve aussi qu’on fait porter beaucoup de responsabilités aux consommateurs lorsqu’ils visitent l’épicerie : le consommateur doit acheter bio, manger local, consommer des aliments nutritifs, cuisiner, ne pas gaspiller, énumère-t-il. « À un moment donné, il n’a pas trois heures pour faire son épicerie et pour démêler tous les logos », ironise-t-il. L’expert en marketing alimentaire rappelle que l’importance accordée à la provenance des aliments est également en décroissance, selon le dernier sondage réalisé par le Centre canadien pour l’intégrité des aliments. « Cette statistique est en baisse à cause du contexte de l’inflation et du coût du panier d’épicerie qui augmente », explique-t-il.