Les quelque 160 Canadiens pris au piège dans la bande de Gaza n’ont pas pu être évacués samedi en raison de « violences » au point de passage de Rafah, selon la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly. Elle assure que leur évacuation de Gaza, le « pire endroit où se trouver au monde », est sa « priorité ». L’évacuation des Canadiens en Cisjordanie devrait quant à elle débuter mardi et les Canadiens qui se trouvent au sud du Liban sont exhortés à partir.

La situation à Gaza, tout comme en Cisjordanie et dans le nord d’Israël, à la frontière du Liban, est très « volatile », a soutenu la ministre Mélanie Joly en conférence de presse samedi. Elle se trouvait alors en Jordanie, après s’être entretenue avec son homologue israélien vendredi.

« Je suis allée en Israël pour différentes raisons, mais surtout pour comprendre l’impact humain de cette attaque terroriste sans précédent du Hamas en Israël, a-t-elle expliqué aux journalistes. J’ai eu l’occasion de voir des vidéos bouleversantes, contre des civils israéliens, que je ne vais jamais oublier. »

La priorité de la ministre est de négocier le passage des Canadiens et de leurs familles pris dans la bande de Gaza pour pouvoir les évacuer vers l’Égypte. Rappelons que depuis l’attaque du Hamas il y a une semaine, la bande de Gaza est pilonnée par l’armée israélienne, qui a aussi imposé un siège, empêchant l’arrivée d’eau, de nourriture, de médicaments et de carburant.

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Un créneau pour l’évacuation des ressortissants étrangers avait d’abord été établi samedi, entre midi et 17 h, heure locale, mais l’évacuation n’a pas eu lieu, a confirmé Mme Joly.

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Des personnes munies de passeports étrangers attendent à la porte de Rafah dans l’espoir de passer en Égypte.

Mélanie Joly sera en contact avec son homologue égyptien pour comprendre ce qui s’est passé. Selon ses informations, des « violences » au point de passage de Rafah ont empêché l’évacuation. Parallèlement, la ministre assure avoir négocié une entente avec Israël qui permettra aux ressortissants canadiens d’être évacués.

« Nous sommes extrêmement inquiets de la situation à Gaza, qui est l’un des pires endroits au monde où se trouver en ce moment », a-t-elle dit.

Gaza sur le point de manquer d’eau potable

La ministre affirme avoir multiplié les discussions en vue de l’instauration de corridors humanitaires dans la bande de Gaza. Selon une discussion qu’elle a eue samedi avec un chef des Nations unies, les Gazaouis étaient « à 24 heures » de manquer d’eau potable en raison du manque de carburant pour alimenter l’usine de désalinisation.

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Des Palestiniens remplissent des réservoirs d’eau à Khan Younès, dans la bande de Gaza.

« C’est pourquoi il faut être en mesure d’offrir de l’eau, de la nourriture et des combustibles », a déclaré Mme Joly en conférence de presse. « Les vies civiles israéliennes sont importantes, tout comme les vies civiles palestiniennes. À tout moment, le droit international doit être respecté. »

La ministre dit aussi avoir discuté avec ses homologues des pays avoisinants, dont l’Égypte et l’Arabie saoudite, pour éviter que le conflit ne s’étende à d’autres régions. La situation à la frontière entre Israël et le Liban, notamment, est très « volatile ».

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L’Égypte, qui a fermé sa frontière avec le sud de la bande de Gaza la semaine dernière, devait la rouvrir samedi pour permettre la sortie de ressortissants étrangers.

Affaires mondiales Canada exhorte les Canadiens et leurs familles au Liban à quitter la région. « On sait qu’Israël a le droit de se défendre face à des attaques terroristes du Hezbollah, a expliqué Mme Joly. Dans les circonstances, on [recommande aux] citoyens canadiens qui sont dans la région [du sud du Liban] d’être très conscients qu’ils devraient quitter la région et être dans un endroit sécuritaire. »

Un plan d’évacuation pour la Cisjordanie

Du côté de la Cisjordanie occupée, Mélanie Joly a affirmé avoir négocié une entente avec Israël, l’Autorité nationale palestinienne et la Jordanie pour permettre l’évacuation des Canadiens. L’opération se fera en bus à partir de Ramallah, en Cisjordanie, vers Amman, capitale de la Jordanie, a-t-elle expliqué. Le tout devrait débuter mardi.

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La ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, discutant avec son homologue jordanien, Ayman Safadi, à Amman, en Jordanie, samedi

Les vols organisés par le Canada de Tel-Aviv, en Israël, vers Athènes, en Grèce, se poursuivront aussi ce dimanche. Jusqu’à présent, environ 700 Canadiens ont pu en bénéficier, a soutenu Mme Joly.

« C’est sûr, à mon avis, que le Canada est en train de voir avec tous les alliés possibles comment faire sortir des ressortissants canadiens », nous a indiqué Laurence Deschamps-Laporte, professeure adjointe au département de science politique de l’Université de Montréal et directrice du Centre d’études et de recherches internationales (CERIUM).

« La pratique canadienne, c’est que dès qu’on est capable de négocier avec des alliés pour faire sortir des ressortissants, on ne laisse rien passer. Je m’attends à ce que le Canada essaie le plus fort possible de bénéficier de cet accord. »

Avec la collaboration d’Ariane Krol, La Presse