((Saint-Bernard-de-Lacolle) ) Les policiers de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) chargés de surveiller la frontière dans le secteur du chemin Roxham à Saint-Bernard-de-Lacolle viennent de perdre leurs bureaux pour quelques semaines, en raison d’une contamination aux moisissures, au moment même où ils font face à une explosion du nombre de traversées irrégulières de la frontière par des migrants souhaitant entrer au Canada.

« Nous avons fermé un bâtiment de l’Équipe intégrée de la Police des frontières Champlain par mesure préventive, après la confirmation de la présence de moisissures, vraisemblablement causées par une infiltration d’eau », confirme la caporale Tasha Adams, porte-parole de la GRC.

« Seule une partie du bâtiment est touchée, mais afin de ne prendre aucun risque, le bureau sera fermé complètement pour les prochaines semaines », affirme la porte-parole.

L’immeuble qui a dû être évacué par la police est loué à l’homme d’affaires Pierre Guay, qui possède de nombreux terrains tout autour du poste-frontière de Saint-Bernard-de-Lacolle. L’entreprise de M. Guay a acquis l’immeuble pour 225 000 $ et le loyer payé par le locataire à l’époque représentait 29 000 $ par an.

Joint au téléphone par La Presse mardi, M. Guay a préféré ne pas discuter du problème de moisissures dans son immeuble. « Pas au courant, et je n’ai pas de commentaire », a-t-il laissé tomber.

Les policiers travailleront temporairement dans des roulottes à proximité, pendant que des travaux de décontamination ont lieu dans l’immeuble situé sur le chemin Ridge, tout près du poste-frontière de Saint-Bernard-de-Lacolle. Lors du passage de La Presse mardi, les ouvriers étaient déjà à l’œuvre.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Véhicules de la GRC, chemin Roxham

« Nous mettons toutes les mesures nécessaires en place afin d’assurer la continuité des opérations. La santé et la sécurité des employés sont une priorité absolue et sachez que nous prenons au sérieux tout risque potentiel dans le lieu de travail », affirme la caporale Adams.

Payant pour M. Guay

Les policiers qui travaillent dans cette équipe ont notamment pour tâche d’appréhender les migrants qui traversent la frontière en dehors des points d’entrée officiels, notamment dans le secteur du chemin Roxham, où le flot d’entrées a explosé cette année.

La Presse a rapporté récemment qu’après une accalmie en 2020 et 2021, en raison des mesures liées à la pandémie, le flux a augmenté progressivement tout au long de 2022, d’un peu plus de 2000 personnes par mois à plus de 3500 par mois pendant l’été. En tout, 23 358 personnes ont été interceptés par la GRC entre janvier et août, selon les données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). C’est plus, en huit mois, que les totaux pour toute l’année enregistrés en 2018 et en 2019.

L’afflux sans précédent de demandeurs d’asile, de policiers, d’agents des services frontaliers et de fonctionnaires fédéraux chargés de gérer les foules dans le secteur du chemin Roxham a été payant pour M. Guay depuis 2017. En octobre, le gouvernement a révélé que ce sont plus de 28 millions de dollars qui ont été versés à M. Guay, sans appel d’offres, en frais de location et d’amélioration des installations utilisées par les fonctionnaires et les migrants dans ce secteur.

Avec la collaboration de Daniel Renaud

En savoir plus
  • 99,3 %
    Pourcentage des entrées irrégulières au pays qui se font au Québec, en raison de la notoriété du chemin Roxham.
    SOURCE : Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada