Des coups de feu à Laval. Encore. L’évènement où trois personnes ont été blessées par armes à feu et qui a entraîné le confinement d’une centaine d’élèves au collège Montmorency serait lié à un conflit entre gangs de rue.

Pierre Brochet, directeur du Service de police de Laval (SPL), a confirmé les informations obtenues par La Presse plus tôt samedi matin lors d’une conférence de presse devant l’établissement près duquel s’est produite la fusillade. Au moins une des victimes serait affiliée à un gang de rue connu sur le territoire lavallois, les Flame Heads Boys (FHB).

Le directeur de la police de Laval était accompagné du maire de Laval, Stéphane Boyer, afin d’éclairer la population sur cet évènement qui vient une fois de plus ébranler le sentiment de sécurité des citoyens. « C’est important de le préciser, l’évènement n’a pas de lien avec le cégep », a-t-il indiqué.

Selon nos informations de source policière, l’une des victimes, un homme âgé de 19 ans résidant à Laval-des-Rapides, a des antécédents judiciaires en matière de non-respect des conditions. Il a aussi été accusé en 2021 de possession d’armes prohibées et d’introduction par effraction avec trois autres coaccusés.

La victime n’étudie pas au cégep Montmorency. Il se serait trouvé sur les lieux pour rencontrer des connaissances, selon nos informations préliminaires. Il a été touché par au moins un projectile d’arme à feu alors qu’il entrait dans l’établissement.

Le jeune homme est connu des policiers pour ses liens avec les gangs de rue et aurait commis plusieurs vols qualifiés – notamment de chiens de race – durant la pandémie.

Parmi les autres personnes atteintes, deux jeunes hommes de 18 ans ont été identifiés. Ils n’ont aucun dossier criminel, selon notre recherche au plumitif. Le SPL a précisé samedi matin qu’on ne craignait pas pour la vie des blessés.

On ignore encore qui est le suspect dans ce dossier, mais les autorités confirment qu’il n’y aurait qu’un seul tireur.

Plusieurs fusillades survenues en plein jour à Laval cette année sont reliées aux FHB, parfois appelés les « Zone 2 »

La police lavalloise avait déjà procédé ces derniers mois à l’arrestation de Jemsley Printemps-Sanon (alias JPS) et Marlon-Étienne Lafontant (alias Rach), deux membres importants de ce gang de rue qui occupe le territoire de Laval-des-Rapides. Printemps-Sanon avait notamment fait face à de graves accusations en lien avec une tentative de meurtre survenue place Dumouchel l’été dernier. Personne n’avait été touché, malgré une dizaine de projectiles tirés en plein jour vers des adolescents.

Un « problème de société »

Dans la foulée de l’opération policière, toujours en cours, Pierre Brochet et Stéphane Boyer ont convié les médias samedi à l’entrée du collège Montmorency pour faire le point sur les évènements et rassurer les Lavallois.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Stéphane Boyer, maire de Laval

« L’environnement ici au niveau du collège est très sécuritaire. C’est un endroit où les gens n’ont pas à hésiter à venir », a insisté le directeur de la police de Laval, bien que les enquêteurs soient toujours à la recherche du ou des suspects.

Il a également invité la population à communiquer aux autorités toute information qui pourrait être pertinente à l’enquête.

Le maire de Laval a quant à lui souligné la hausse des évènements impliquant des armes à feu depuis la pandémie à Laval, notamment dans les arrondissements de Chomedey et de Laval-des-Rapides. « On voit depuis le début de la pandémie beaucoup plus d’armes à feu en circulation. Dans presque tous les incidents, on voit des gens de 16, 18 et 20 ans qui sont impliqués », a-t-il fait savoir.

Selon lui, il s’agit d’un « problème de société » qui nécessite davantage de prévention auprès des jeunes. D’ailleurs, 5 millions ont récemment été affectés à la prévention de la violence armée à Laval.

Le maire Stéphane Boyer a toutefois demandé davantage de soutien financier de la part de Québec pour contrer les gangs de rue et « mener à terme les enquêtes » sur le territoire lavallois. Il a pris soin de souligner certains investissements majeurs de la Ville dans la lutte contre la violence armée, notamment les 1,2 million de dollars versés aux enquêtes reliées aux armes à feu et aux gangs de rue, et la nouvelle construction du poste de gendarmerie dans le « quartier chaud » de Chomedey. « Visiblement, tout ça n’est pas suffisant. Il faut faire plus », a-t-il déclaré.

Stéphane Boyer réclame aussi plus de patrouilleurs et d’enquêteurs au sein de la police municipale. « Laval est prêt à faire sa part », a-t-il conclu.

Au printemps dernier, Laval a lancé le projet Paradoxe pour contrer la violence par arme à feu. Au cours des derniers mois, le SPL a constaté une baisse de moitié du nombre de décharges d’armes à feu sur leur territoire. « On a encore du travail à faire. On va continuer de mettre de la pression sur les criminels », a toutefois remarqué Pierre Brochet.

Confinement au collège Montmorency

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Au moins une des victimes serait liée au principal gang de rue de Laval-des-Rapides.

Des centaines d’élèves ont été confinés au moins quatre heures dans le collège Montmorency à Laval vendredi, après que des coups de feu eurent fait quatre blessés près de l’établissement d’enseignement.

Vendredi vers 17 h 30, les élèves et les enseignants ont reçu l’ordre de se barricader et d’éteindre les lumières. C’est seulement vers 21 h 45 que les élèves et les enseignants ont commencé à évacuer l’établissement.

Une douzaine d’enfants avaient également été confinés dans un local du centre de la petite enfance Youpie, à l’intérieur du cégep.

Lisez « Des centaines d’élèves barricadés pendant des heures »

Avec Léa Carrier et Daniel Renaud, La Presse