Myles Sanderson était toujours en fuite mardi soir, malgré des informations diffusées plus tôt selon lesquelles il aurait été aperçu dans la communauté de James Smith

Le second suspect de la série d’attaques au couteau survenues dimanche en Saskatchewan, Myles Sanderson, avait été mis en liberté d’office plus tôt cette année malgré d’importants antécédents judiciaires, notamment pour avoir déjà poignardé dans le passé deux hommes au moyen d’une fourchette.

Selon des documents de la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) d’abord rendus publics par le quotidien The Globe and Mail, mais dont La Presse a pu prendre connaissance, Myles Sanderson avait tendance à commettre des crimes violents lorsqu’il était sous l’effet de l’alcool ou de drogues.

PHOTO FOURNIE PAR LA GENDARMERIE ROYALE DU CANADA, REUTERS

Myles Sanderson

Sur une période de 20 ans, depuis son enfance, il a été impliqué dans des infractions criminelles sans interruption, qui ont entraîné près de 80 condamnations et près de 50 accusations n’ayant pas été entièrement jugées.

Myles Sanderson est maintenant visé par au moins trois chefs d’accusation de meurtre au premier degré après les agressions de dimanche. Dix personnes ont été tuées et 18 autres, blessées, à divers endroits sur le territoire de la Nation crie James Smith et dans le village voisin de Weldon, au nord-est de Saskatoon.

« Pas de risque indu »

Dans la plus récente décision de la CLCC rendue à l’égard de Myles Sanderson, en février dernier, un commissaire affirmait pourtant qu’il ne présentait « pas de risque indu pour la société » en cas de libération d’office.

« Vos antécédents criminels sont très préoccupants, notamment le recours à la violence et à des armes dans vos infractions répertoriées ainsi que vos antécédents de violence au foyer impliquant des personnes de votre famille, dont vos enfants, et d’autres personnes », peut-on pourtant lire dans le document.

Cette décision faisait suite au non-respect de certaines des conditions rattachées à la libération d’office de Myles Sanderson obtenue en août 2021. Il devait notamment s’abstenir de consommer de l’alcool ou des drogues.

Les gestes pour lesquels Myles Sanderson purgeait sa plus récente peine de prison remontent à 2017. Il se serait alors introduit chez sa conjointe de l’époque en furie, criant et frappant sur les murs, devant les enfants, notamment.

En 2018, alors qu’il consommait de l’alcool dans une résidence, il s’est mis en colère et a poignardé deux hommes au moyen d’une fourchette avant de sortir et de battre un autre homme jusqu’à ce qu’il perde connaissance.

Selon le Globe and Mail, Myles Sanderson était recherché depuis le printemps dernier par la police en Saskatchewan parce qu’il ne communiquait plus avec son agent de libération conditionnelle, condition à laquelle il devait se soumettre dans le cadre de sa libération d’office, un mécanisme de réinsertion des contrevenants.

L’homme a eu une enfance difficile. Il s’est mis à consommer des substances illégales à un jeune âge et il évoluait dans un contexte familial éprouvant où la violence était présente, souligne la CLCC tout en reconnaissant l’impact des traumatismes intergénérationnels vécus par les peuples autochtones.

Enquête indépendante

Mardi, le ministre de la Sécurité publique du Canada, Marco Mendicino, a dit avoir demandé qu’une enquête indépendante soit ouverte par la CLCC sur le processus ayant mené à la décision de libérer Myles Sanderson.

« Il faut faire un examen exhaustif des circonstances qui ont mené à cette tragédie qui est extrêmement difficile », a-t-il expliqué en précisant vouloir connaître « les raisons de cette décision » de la CLCC.

PHOTO LARS HAGBERG, AGENCE FRANCE-PRESSE

Drapeau en berne dans la communauté crie de James Smith

Mardi, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a déterminé que Myles Sanderson ne se trouvait pas dans la petite communauté crie de James Smith, contrairement à ce qui avait été suggéré plus tôt.

Un peu plus tôt en après-midi, la GRC avait indiqué que des policiers encerclaient une résidence dans le village de James Smith, après avoir été informés que l’homme y aurait été vu. Il est considéré comme dangereux et les citoyens ne devraient pas s’approcher de lui, a prévenu la police.

Le corps de l’autre suspect relativement à ces attaques, Damien Sanderson, âgé de 31 ans, avait été découvert lundi dans une zone herbeuse du territoire de la Nation crie James Smith, non loin de l’une des 13 scènes de crime. La GRC a précisé que ses blessures ne semblaient pas avoir été auto-infligées. Selon la police, les deux hommes sont frères.

La GRC n’a pas précisé les mobiles de ces agressions, mais croit que certaines des victimes avaient été visées délibérément et d’autres choisies au hasard.

Communautés en alerte

La police ratisse une vaste zone en Saskatchewan et a émis des alertes au Manitoba et en Alberta, les deux provinces voisines.

En raison de cette énorme zone de recherche, de nombreuses communautés sont sur le qui-vive depuis dimanche.

Les dirigeants de la Fédération des nations autochtones souveraines ont lancé un appel pressant à retrouver Myles Sanderson, priant ceux qui sauraient où il se trouve de se manifester rapidement pour mettre fin à cette tragédie sans faire d’autres victimes.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a promis mardi d’« envoyer les ressources nécessaires pour en finir avec cette crise et pour permettre aux gens de guérir, de faire leur deuil ».

« Le gouvernement fédéral est en train d’envoyer les ressources nécessaires à la police locale, aux autorités, pour qu’elles aient tout ce dont elles ont besoin pour assurer la sécurité des gens », a assuré M. Trudeau à Vancouver.

Avec Frédérik Xavier-Duhamel et Mélanie Marquis, La Presse, et La Presse Canadienne