Des personnes qui campaient devant un bureau de Service Canada à Laval pour renouveler leur passeport ont été expulsées des lieux, vendredi, par la police. Un constat d’infraction a été remis. Des gens qui attendaient depuis des heures n’en reviennent pas d’être repartis les mains vides.

Vers 8 h 45, le bureau des passeports fédéraux situé dans le centre commercial Méga Centre Notre-Dame, sur l’autoroute Chomedey, a demandé l’assistance du Service de police de Laval (SPL) pour évacuer les lieux.

La file d’attente faisait le tour du bâtiment. Or, le bureau n’acceptait que les personnes qui venaient chercher un passeport prêt, celles qui partaient en voyage dans les 24 prochaines heures et celles qui avaient un rendez-vous.

« Les gens étaient agressifs, irrespectueux et coupaient la file », indique l’agente du SPL Erika Landry.

PHOTO FOURNIE PAR CAROLE FAFARD

Déploiement policier aux abords du bureau des passeports fédéraux situé dans le centre commercial Méga Centre Notre-Dame, sur l’autoroute Chomedey

Un constat d’infraction a été remis pour flânage. Vers midi, le calme était revenu sur les lieux.

« Absolument scandaleux »

Certaines personnes avaient passé deux nuits dehors et bravé l’orage de jeudi soir dans l’espoir de faire renouveler leur passeport. Elles ont dû partir les mains vides. « C’est inconcevable », déplore Carole Fafard, qui est arrivée sur les lieux au moment de l’intervention policière. Elle estime avoir vu « environ huit voitures de police ».

Il n’y a pas moyen de parler à quelqu’un, pas moyen de poser des questions. Les policiers arrêtaient des gens désespérés. C’est absolument scandaleux.

Carole Fafard

Aline Beaupere n’en revient pas. « Notre billet d’avion est [samedi], et on n’a pas de passeport », déplore-t-elle la gorge nouée. « Ma fille, elle pleurait quand je lui ai dit que je n’avais pas son passeport et qu’elle ne pourrait pas voir ses grands-parents. »

L’infirmière a envoyé une demande le 4 avril pour renouveler le passeport de sa fille en vue d’aller visiter de la famille en France. À ce moment-là, le délai indiqué était de seulement 20 jours ouvrables, se souvient-elle, mais ne l’a jamais reçu.

Mécontentement

Mme Beaupere s’est résolue en dernier recours à rater le travail pour faire la queue au bureau de Service Canada dès 3 h vendredi matin. Des centaines de personnes campaient déjà devant elle. Elle a dû rebrousser chemin après l’intervention des policiers. « J’ai demandé à la police : “Quand est-ce qu’on peut revenir faire la ligne ?” […], [un agent] a dit : “Non, personne ne fait la ligne, vous revenez à l’ouverture” », raconte-t-elle, choquée par ce qu’elle a vécu.

« J’ai appelé [ma députée fédérale] Mélanie Joly au moins trois fois à son bureau [vendredi], j’ai envoyé trois courriels dans la semaine, je n’ai pas eu de réponse, déplore-t-elle. On a rappelé encore 400 fois au numéro du service des passeports, on a parlé à quelqu’un qui nous a dit : “Moi, je ne peux rien faire.” »

À court de solutions, Mme Beaupere compte déplacer son billet pour lundi et revenir camper dès que possible devant le bureau fédéral. « Personne ne peut rien faire, mais personne ne nous dit quoi faire », laisse-t-elle tomber.