L’impact qu’aura la nouvelle phase de grève des ingénieurs de l’État demeure « difficile à évaluer », avoue Québec, au moment où les chantiers majeurs se multiplieront pendant l’été dans le Grand Montréal. Le nombre de travaux relevant de la Ville passera de 60 à 85 durant la saison estivale.

« Il y a déjà eu une première phase de la grève, et jusqu’à présent, les répercussions ont été somme toute minimes. Qu’est-ce que ça va être d’ici la fin de la saison estivale ? Malheureusement, c’est difficile à évaluer, étant donné qu’on ne sait pas la durée de cette nouvelle phase de grève », a indiqué mercredi la porte-parole du ministère des Transports (MTQ), Sarah Bensadoun.

En règle générale, les ingénieurs de l’État, qui sont en grève depuis six semaines, sont responsables de plusieurs tâches importantes autour des chantiers, dont les plans et devis des travaux, mais aussi la surveillance de ceux-ci. Mardi soir, les négociations ont de nouveau échoué.

Une courte fenêtre

À l’Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec (APIGQ), le président Marc-André Martin affirme que la grève mettra en péril de nombreux chantiers.

La fenêtre de travaux est courte. Les chantiers en bordure de rivière, ça doit se faire entre le 15 juin et le 15 septembre. S’il y a des chantiers qui n’ont pas démarré, il y en a énormément qui vont être reportés.

Marc-André Martin, président de l’Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec

M. Martin déplore que les négociations aient brusquement cessé mardi soir. « On était à un cheveu d’avoir une entente », dit-il, déplorant que Québec refuse de laisser aux ingénieurs le loisir de « choisir le moment où ils peuvent prendre leur pause ». « Pour eux, c’est un deal breaker. Et pour le reste, on nous offre une hausse à l’inflation de 6 % alors qu’on a un retard de 34 % sur nos confrères du secteur public. Je ne peux pas faire voter ça à mes membres », fustige-t-il.

Un été « très chargé » en vue

Globalement, l’été sera encore une fois « très chargé » dans la région métropolitaine, avec une cinquantaine de chantiers majeurs en action, a indiqué la porte-parole du MTQ. L’un des plus « visibles » demeure celui du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, où une voie sera retranchée en direction sud sur l’autoroute 25, et une autre en direction nord. Des entraves à la circulation seront très présentes de jour, de nuit et durant les fins de semaine.

IMAGE FOURNIE PAR MOBILITÉ MONTRÉAL

De nombreux chantiers sont aussi à prévoir sur le corridor de l’autoroute Métropolitaine, entre autres sur Crémazie. Comme l’a rapporté La Presse il y a deux semaines, des travaux d’asphalte devront aussi être « repris à 100 % » dans le tronçon ouest de l’axe routier, le bitume utilisé par l’entrepreneur Roxboro Excavation n’étant « pas de bonne qualité ».

Des entraves sont aussi à prévoir sur les ponts Pie-IX, Victoria, Honoré-Mercier, Gédéon-Ouimet et de l’Île-aux-Tourtes. Dans le premier cas, ce sont les poutres devant maintenant être installées qui prendront le plus de temps, soit jusqu’à 10 semaines, ce qui impliquera entre autres des fermetures complètes de deux voies en direction de Montréal le matin, et en direction de Laval l’après-midi.

Un centre-ville très occupé

La circulation risque aussi d’être pour le moins complexe au centre-ville. Des « travaux correctifs » doivent encore être réalisés sur l’échangeur Turcot d’ici septembre ; les automobilistes doivent donc s’attendre à des fermetures de bretelle dans l’échangeur et des entraves sur la route 136 Est vers le centre-ville, surtout de nuit et les fins de semaine. Les tunnels Viger et Ville-Marie, qui font l’objet d’une réfection majeure sur 10 ans, seront aussi fermés par moments, de nuit et en fin de semaine.

À L’Île-des-Sœurs, des travaux de construction de la future station du Réseau express métropolitain (REM) entraîneront aussi des fermetures partielles dans la rue du pont Samuel-de Champlain et son intersection avec le boulevard René-Lévesque. L’accès vers l’autoroute 15 Sud et la piste multifonction du pont sera toutefois maintenu. Le REM aura aussi une incidence sur l’axe Wellington, entre Saint-Patrick et Bridge, où une sous-station électrique doit être aménagée. Au sud, le secteur du pont Jacques-Cartier continuera d’être assez congestionné en raison des travaux sur René-Lévesque, entre Berri et Panet.

Globalement, les travaux majeurs relevant de la Ville passeront de 60 à 85 cet été. « L’an passé, on était dans un contexte de pandémie, et il fallait donner de l’oxygène pour que tout le monde puisse en profiter. Cette année, on revient plus à nos besoins. Pandémie ou pas, il faut mettre à jour nos infrastructures qui sont vétustes. Si on fait les travaux maintenant, ça nous évite aussi de le faire en urgence et de façon désorganisée », a précisé le porte-parole administratif de Montréal, Philippe Sabourin.

En savoir plus
  • 61 %
    Proportion de l’achalandage actuel par rapport au niveau prépandémique dans les autobus, les trains ou les métros du Grand Montréal, selon des chiffres dévoilés mercredi
    Source : mobilité montréal