La Ville de Montréal profite de la Journée internationale contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie, qui a lieu ce lundi, pour annoncer la création d’un lieu-hommage qui soulignera l’apport des pionniers et des bâtisseurs qui se sont battus pour défendre les droits de la communauté LGBTQ+2.

« Chaque année, nous soulignons la journée du 17 mai par une déclaration », dit Robert Beaudry, conseiller dans l’arrondissement de Ville-Marie et membre du comité exécutif. « Dans celle qui est présentée aujourd’hui, il y a un engagement ferme à réaliser ce lieu-hommage. »

Dans le texte de la déclaration présentée ce lundi, la Ville de Montréal réaffirme l’importance du devoir de mémoire « en soutenant la création d’un lieu-hommage visant à célébrer les luttes, les avancées et la résilience des populations LGBTQ+2 en rappelant les moments clés de leur histoire, tout en saluant la mémoire des victimes de crimes haineux visant les communautés LGBTQ+2 ».

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Emplacement pressenti, à l’angle des rues Sainte-Catherine et Atateken, pour la création d’un lieu-hommage aux pionniers et bâtisseurs qui se sont battus pour défendre les droits de la communauté LGBTQ+2.

Robert Beaudry refuse de dire à quel endroit sera érigé ce lieu-hommage, mais tout indique que ce sera sur le terrain situé à l’angle des rues Sainte-Catherine et Atateken. Depuis quelques années ce lieu est animé par la présence de la Galerie Blanc, qui offre des expositions et des installations artistiques.

« C’est sûr que ce lieu-hommage sera situé dans le Village, précise Robert Beaudry. Je ne vous cache pas qu’il y a un intérêt pour ce terrain, d’autant plus que nous assurons son contrôle. »

Ce projet est porté depuis quelques années par divers organismes, dont la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais. « Ça fait trois ans qu’on travaille là-dessus, raconte Jasmin Roy. J’aurais aimé que ça se fasse pour le 50e anniversaire des émeutes de Stonewall, en 2019. Cela dit, je souhaite qu’il y ait un montage financier qui soit fait rapidement avant les élections municipales. »

Jasmin Roy voudrait que ce lieu soit marqué par la présence d’une œuvre d’art majeure.

Je suis tanné d’aller dans le Village et de voir des peanuts. Il est temps d’investir massivement dans ce quartier.

Jasmin Roy

Par ailleurs, des travaux de réaménagement lancés en 2020 vont permettre aux visiteurs du Village de découvrir un parc de l’Espoir plus accueillant. Créé par Jean Doré en 1994 à l’angle des rues Sainte-Catherine et Panet, ce lieu souligne la mémoire des victimes du sida.

La Ville de Montréal tient à réitérer son engagement à faire vibrer le Village, un secteur qui a été durement touché par la pandémie, divers défis sociaux et la désertion d’une certaine clientèle. « Il y a un travail extraordinaire qui est en train de se faire, dit Robert Beaudry. Il y a un nouveau concept qui s’en vient pour le Village. Il faut d’abord déconfiner, puis attirer les gens pour faire vivre ce quartier. »

Un guide pour les médias

La Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais lance ces jours-ci le guide Comment aborder la diversité sexuelle et de genre dans les médias ? Conçu et rédigé par Michel Dorais, chercheur en sociologie de la sexualité et professeur à l’Université Laval, Guillaume Tardif, étudiant à la maîtrise en travail social, et Jasmin Roy, ce guide propose des outils et des informations sur les conditions de vie des personnes LGBTQ+2.

Le but est de faire en sorte que des mythes et des préjugés cessent d’être véhiculés dans les médias.

On attire l’attention des journalistes et des patrons des médias sur des sujets comme le recours aux images sensationnalistes, l’importance de savoir utiliser un vocabulaire approprié quand vient le temps d’aborder la communauté LGBTQ+2 ou savoir désigner correctement les préjudices vécus par les personnes de la diversité sexuelle et de genre.

« On pourrait commencer par cesser de dire qu’une personne ‟avoue” son homosexualité, dit Jasmin Roy. On avoue une faute, pas son identité sexuelle. »

Ce guide a été réalisé à la demande de la Commission canadienne pour l’UNESCO. On souhaite maintenant que le document soit traduit et offert dans plusieurs pays.