Les banques alimentaires n’auront pas de répit pendant le temps des Fêtes. Elles peinent à répondre à la demande pour les paniers de Noël et craignent les conséquences de la hausse du prix des aliments.

Aux locaux de Jeunesse au Soleil, sur l’avenue du Parc, à Montréal, les bénévoles et les employés ne chôment pas en cette deuxième journée de distribution de paniers de Noël.

« Cette année, la demande est très forte. Tous les paniers ont été réservés, on ne prend que les urgences », dit Ann St-Arnaud, porte-parole pour l’organisme Jeunesse au Soleil, qui s’apprête à venir en aide à 5000 familles pendant le temps des Fêtes.

La hausse du coût des aliments vient accentuer l’insécurité alimentaire de nombreuses familles. « Tout est très cher maintenant. On essaie de s’adapter en mangeant moins de viande », confie Nathalie Eder, qui se rendait à Jeunesse au Soleil pour la première fois jeudi.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Distribution de paniers de Noël dans les locaux de Jeunesse au Soleil, à Montréal

Selon le Rapport annuel des prix alimentaires publié jeudi, le coût global des aliments augmentera entre 5 % à 7 % en 2022. Pour une famille de quatre personnes, les dépenses alimentaires annuelles pourraient augmenter de 966,08 $ par rapport à 2021.

C’est difficile pour tout le monde, mais particulièrement pour les familles démunies. Ça risque d’être compliqué pour une famille de quatre de débourser 1000 $ de plus.

Amour B., rencontré alors qu’il venait chercher son panier de Noël

« On va vivre avec, mais c’est difficile. Ce serait une bonne chose si le gouvernement essayait d’atténuer ce choc-là », ajoute-t-il.

Des paniers équilibrés

Après avoir répondu à quelques questions sur leurs préférences alimentaires, chaque famille quitte l’organisme Jeunesse au Soleil avec trois sacs remplis de produits non périssables, de fruits et légumes frais, d’œufs et de lait.

« On a aussi du poulet ou du poisson, pour les gens qui ne mangent pas de viande. Ce sont des paniers très bien équilibrés et qui sont faits pour que les familles puissent cuisiner à leur goût », dit Mme St-Arnaud. Des jouets neufs sont également offerts pour les familles ayant des enfants de moins de 12 ans.

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Distribution de paniers de Noël dans les locaux de Jeunesse au Soleil, à Montréal

À l’arrière des locaux de l’organisme, une dizaine de familles attendent leur panier au service à l’auto, tandis que des bénévoles préparent les paniers qui seront livrés le lendemain matin.

« J’étais un peu gênée de venir, mais les gens sont gentils, c’est agréable », dit Nebby Carriollo, mère de famille, qui est venue chercher un panier de Noël pour la première fois.

Demande en hausse

Cette année, la demande dans les banques alimentaires est de 20 à 25 % plus élevée qu’en période prépandémique en 2019, évalue Richard Daneau, directeur général chez Moisson Montréal, qui distribuera cette année plus de 20 000 paniers de Noël.

« Il y aurait facilement de la demande pour 10 000 ou 15 000 paniers de plus à Montréal », dit-il.

Selon M. Daneau, l’inflation risque d’amener plus de monde et d’achalandage dans les comptoirs alimentaires, « parce que les gens n’auront plus les moyens financiers de s’acheter les choses qui coûtent plus cher comme les fruits, les légumes et la viande ».

Mme Carrillo remarque déjà l’effet de la hausse des prix des produits. « Il faut s’adapter, on n’a pas le choix. J’achète beaucoup moins de viande et je cuisine plus de légumineuses. Même les légumes, le prix commence à augmenter », dit-elle.

Ann St-Arnaud explique que le budget d’épicerie est souvent la première dépense réduite en cas de difficultés financières. « Les personnes ne peuvent pas couper dans leurs loyers ou dans leur chauffage. La seule place où ils peuvent couper, c’est dans la nourriture et les médicaments, ce qui est très dommageable pour leur santé », dit-elle.

Richard Daneau invite les personnes dans le besoin à ne pas hésiter à se rendre aux banques alimentaires. « Il y a une barrière d’humilité et d’orgueil. Les gens, avant de se décider d’aller au comptoir alimentaire, vont avoir faim et vont avoir fait des sacrifices. »