Une grève dans les CPE après 20 longs mois de pandémie ? Pour bon nombre de familles, ce moyen de pression survient alors qu’elles sont épuisées. C’est du moins ce qu’ont raconté des dizaines de lecteurs à la suite de notre appel à tous concernant la grève générale illimitée dans 400 CPE de la province. Voici quelques-uns de vos commentaires.

Parents à bout de souffle

Ouf ! Avoir deux enfants en CPE en pandémie, c’est déjà un chemin de croix. Dès qu’un tousse ou fait de la fièvre, on doit exclure les deux enfants le temps d’attendre un résultat négatif de test COVID-19. Et maintenant, la grève illimitée ! Est-ce que le gouvernement se rend bien compte du fardeau de ces négociations sur les parents de jeunes enfants ?

Anne-Marie Tremblay

Mon mari et moi alternerons pour nous occuper de notre fils de trois ans et demi. Nous n’avons pas de plan B puisque notre famille vit en France. Si c’est le temps de quelques jours, nous allons nous serrer les coudes, mais si ça dure plusieurs semaines, j’aurai le sentiment de revivre le premier confinement et ça m’angoisse beaucoup. Je soutiens les éducateurs et éducatrices, mais je risque de devenir à fleur de peau si la situation ne se règle pas rapidement.

Astrid Hurault de Ligny

Je n’ai jamais compris ce moyen de pression qu’est la grève. Ça s’attaque à des gens qui n’ont rien à voir au conflit. J’ai deux enfants, 1 an et 2 ans et demi, et nos familles habitent à plus de trois heures de la maison. Cette grève implique donc que je prenne des journées à mes frais. Pour mon conjoint, cela implique qu’il doive travailler jusqu’à la nuit pour reprendre les heures qu’il manque.

Annie-Claude

On s’est débrouillés pour les autres journées de grève, mais là, c’est compliqué. Les banques d’heures sont vides, on doit piger dans nos vacances de l’été prochain pour tenir le coup. Les grands-parents sont venus nous aider la semaine dernière, mais ils sont repartis avec un rhume, gracieuseté des enfants. À 70 ans, ce n’est pas plaisant pour eux, surtout avec la COVID-19 et le nouveau variant. Cette grève générale illimitée me semble complètement disproportionnée comme moyen de pression.

Simon Coulombe

Le point de vue des grands-parents

Je vous écris au nom de mon fils et de sa blonde parce qu’ils n’ont pas le temps d’écrire ce genre de lettre. Ils sont tous les deux en télétravail et ils sont brûlés. Ils sont obligés de garder leur tout-petit de 3 ans en travaillant. Ils entendent des “mamans” toutes les 30 secondes. J’ai 74 ans et j’aide comme je peux. Mais comme il y a eu des cas positifs à la garderie, mon fils ne veut pas prendre le risque de me contaminer.

Esther Beaudet

On les aime, on les adore, mais… on est un peu fatigués. De temps à autre, on s’amuse, on joue, mais on n’a plus l’énergie de notre jeunesse. Les petits ont besoin de leurs amis et de l’environnement social et éducatif que leur proposent les CPE. À quoi pensent les syndicats ? Au bien des enfants ? Le gouvernement a été des plus généreux et les syndicats demeurent insatisfaits.

Paul-Émile Morissette

Je suis exaspérée, retraitée depuis deux ans et grand-mère de deux petites filles de 2 ans qui fréquentent des CPE. Je suis prise en otage dans ce conflit. Après avoir vécu une pandémie à soutenir mes deux enfants nouvellement parents, voilà la grève des CPE. Je trouve le personnel admirable et je ne remets pas en question leur combat pour être reconnu. Mais, est-ce nécessaire d’ajouter au fardeau des parents et grands-parents ? Il faut que ça cesse, j’en ai plein les bras.

Marie-Josée Beaudry

Pour la grève

Nous appuyons totalement les moyens de pression des éducatrices. Le gouvernement dit ne pas avoir les moyens d’augmenter le salaire du personnel de soutien. En bon français, c’est de la bullshit. Québec vient d’annoncer un plan pour contrer la pénurie de main-d’œuvre, chiffré à 3,9 milliards de dollars. Legault veut aussi bâtir le fameux troisième lien entre Lévis et Québec, peu importe le coût et les conséquences sur l’environnement. Pourtant, il refuse de payer à leur juste valeur les éducatrices et le personnel de soutien dans les CPE.

Boris Caro

Tout à fait d’accord avec cette grève. Les éducatrices et éducateurs en CPE doivent être reconnus comme des professionnels de l’éducation. Ils sont essentiels pour que les parents puissent travailler. L’éducation à la jeune enfance, c’est aussi important que l’université.

Martin Girard