Le premier ministre Justin Trudeau a confirmé mardi que le Canada est « prêt à rester » en Afghanistan après la date limite du retrait des États-Unis, fixée au 31 août prochain. Jusqu’ici, il demeure toutefois incertain que son gouvernement puisse y arriver.

« J’ai insisté sur le fait que le Canada était prêt à rester même après le 31 août si c’est possible, pour continuer de sauver le plus de gens possible », a en effet confirmé M. Trudeau à sa sortie d’une réunion virtuelle avec les dirigeants du G7, soit ceux de l’Allemagne, des États-Unis, de la France, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni.

En se disant « très inquiet par la position des talibans actuellement », le chef libéral a martelé que ceux-ci « devront laisser les gens se rendre à l’aéroport » dans les jours à venir, mais aussi « laisser les gens quitter l’Afghanistan dans les semaines à venir ». « Les Canadiens sont déjà heureux de pouvoir accueillir les familles afghanes dans leurs communautés. Les gens ici sont prêts à en faire beaucoup plus pour sauver les familles dans cette situation difficile », a-t-il ajouté

Pour l’heure, le Canada est parvenu à évacuer « plus de 2000 réfugiés afghans » pour les accueillir au Canada, mais les autorités « travaillent chaque jour pour en sortir davantage », a insisté M. Trudeau, avant d’ajouter : « on va continuer de le faire jusqu’à la dernière minute possible ». Sur Twitter, mardi, le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, a indiqué qu’un avion canadien a quitté Kaboul lundi avec plus de 500 évacués, en soutenant que « les vols canadiens se poursuivront aussi longtemps que les conditions le permettront ».

Notre engagement en Afghanistan ne prendra pas fin lorsque cette échéance actuelle arrive. Nous continuerons de faire pression sur les talibans.

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Vers une tâche ardue

Rester en sol afghan s’annonce toutefois ardu pour le gouvernement Trudeau, surtout que mardi, des médias américains ont rapporté que le président Joe Biden, lui, n’entend pas revenir sur sa position pour le moment. La situation pourrait toutefois changer « si les talibans cessent de coopérer », ont rapporté des sources haut placées au sein de l’administration Biden.

Le tout survenait alors que les talibans avaient confirmé, plus tôt mardi, qu’ils ne permettraient pas aux évacuations de se prolonger au-delà du 31 août, malgré les demandes occidentales, en soulignant que les Afghans les plus qualifiés devaient absolument rester dans le pays. Près de 60 000 étrangers et Afghans ont déjà fui le pays par avion depuis la prise de pouvoir éclair des talibans il y a neuf jours, mais le chaos persiste autour de l’aéroport de Kaboul.

En conférence de presse, le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a d’ailleurs sermonné les Occidentaux, en soutenant que ceux-ci « ont des avions et l’aéroport » et qu’ils devraient emmener leurs ressortissants « hors d’ici ». Mais « ils ne devraient pas encourager les Afghans à fuir l’Afghanistan », a-t-il ajouté, ni emmener avec eux des Afghans qualifiés, ingénieurs ou autres. « Nous leur demandons d’arrêter cela […] Ce pays a besoin de son expertise », a ajouté le porte-parole.

Le premier ministre britannique Boris Johnson, qui a accueilli le sommet virtuel mardi, et le président français, Emmanuel Macron, faisaient aussi partie de ceux qui ont appelé à une prolongation de la date limite, afin d’évacuer tous les ressortissants étrangers et les Afghans vulnérables qui ont aidé les alliés de l’OTAN depuis 20 ans.

Le groupe des dirigeants du G7, lui, a exprimé dans un communiqué conjoint après la rencontre que « le peuple afghan mérite de vivre dans la dignité, la paix et la sécurité, reflétant les deux dernières décennies de ses réalisations politiques, économiques et sociales, en particulier pour les femmes et les filles ». « L’Afghanistan ne doit plus jamais redevenir un refuge pour le terrorisme ni une source d’attaques terroristes contre d’autres », ont ajouté les leaders, en réclamant aux talibans de « garantir un passage sûr » à ceux qui veulent quitter l’Afghanistan, y compris au-delà du 31 août.

Interrogé mardi sur le maintien des militaires canadiens au-delà du 31 août, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a estimé qu’il « y a quelque chose d’un peu… entre imprudent et peu crédible » de la part du premier ministre d’« exposer à la fois ses gens, ses troupes, et les gens que ces troupes sont là pour secourir, à un environnement extrêmement hostile et très peu sécurisé ».

Avec La Presse Canadienne