(Halifax) Un comité de l’Organisation de Nations Unies (ONU) demande au gouvernement fédéral des explications sur les allégations voulant qu’il ait commis des actes racistes contre les pêcheurs de homard mi’kmaq, en Nouvelle-Écosse.

Dans une lettre transmise le 30 avril, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale demande à Leslie Norton, la représentante permanente du Canada auprès des Nations Unies, de répondre aux allégations de la Première Nation Sipekne’katik avant le 14 juillet.

La Première Nation a soutenu qu’elle a le droit de pêcher pour s’assurer une « subsistance convenable » à la suite d’une décision de la Cour suprême canadienne. Celle-ci a ensuite clarifié sa décision en disant que le gouvernement fédéral pouvait réglementer le droit issu des traités à des fins de conservation.

Des membres de la Première Nation ont été victimes de violence de la part de résidants non autochtones, l’automne dernier. Un parc à homard a été détruit tandis qu’une camionnette appartenant à un Autochtone a été incendiée. La Première Nation pêchait alors en dehors de la saison prévue par la réglementation fédérale.

Le comité de l’ONU veut examiner les allégations selon lesquelles la GRC et le ministère des Pêches et Océans « n’ont pas pris les mesures appropriées pour empêcher ces actes de violence et pour protéger les pêcheurs et leurs propriétés contre le vandalisme ». Elle s’inquiète que les droits issus des traités n’aient pas été respectés, l’année dernière.

« Le comité est préoccupé par les allégations au sujet de l’absence d’intervention des autorités de l’État pour prévenir et enquêter sur les prétendus discours prônant la haine raciale et incitant à la violence sur l’internet, ainsi que sur des actes de violence et d’intimidation contre les Mi’kmaq par des acteurs privés », peut-on lire dans la lettre.

La lettre du comité a noté ses recommandations antérieures demandant aux gouvernements qui ont signé la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale de « prendre des mesures pour prévenir les crimes haineux contre tous les groupes ethniques et minoritaires, les migrants et les peuples autochtones ».

L’avis est signé par le représentant chinois Yanduan Li, le président du comité.

Le chef de la Première Nation, Mike Sack, a annoncé dimanche son intention de procéder à une pêche au homard à partir de juin, malgré l’absence d’accord avec le ministère fédéral.

M. Sack dit qu’il pourrait demander une intervention des Casques bleus si les agents fédéraux chargés de l’application de la loi retirent l’équipement de ses membres dans la zone de pêche au sud-ouest de la Nouvelle-Écosse.

Il reconnaît que l’implication du comité de l’ONU était une nouvelle encourageante.

« Être reconnue par un organisme qui représente les personnes marginalisées subissant les effets destructeurs et intergénérationnels du racisme systémique est un nouveau jalon dans les efforts de notre communauté pour vaincre la pauvreté et l’oppression », a-t-il déclaré.