Des lecteurs m’ont écrit pour me faire part d’un petit truc de rien du tout. Vous me connaissez, j’adore les petites choses derrière lesquelles se cache l’insoupçonnable.

Sur le site de l’arrondissement de Verdun, un avis a été mis en ligne le 12 novembre. On peut y lire ceci :

« Vous avez une ruelle derrière chez vous et vous souhaitez en limiter l’accès aux voitures ? Voici comment faire une demande.

« Que la ruelle ait 3 ou 4 accès qui donnent sur des rues, vous pouvez demander de faire bloquer certains des accès. Ainsi, elle ne sera pas complètement fermée aux voitures.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Qui souhaite vraiment que les ruelles soient utilisées comme raccourcis par n’importe qui comme cela est souvent le cas ? Personne, bien sûr, selon notre chroniqueur.

« La fermeture partielle de la ruelle s’effectue par la mise en place de bollards ou de bacs à fleurs rectangulaires.

« Pour que votre demande soit acceptée, vous devez faire signer une pétition par les personnes qui habitent autour de la ruelle.

« Les signataires doivent représenter au moins 5 % des foyers qui ont accès à la ruelle. Une seule personne par foyer peut signer. »

À part le très faible pourcentage requis pour mettre de l’avant cette transformation, tout va bien jusqu’ici.

Mais au bas du mémo apparaît ce paragraphe : « Une personne qui souhaite s’opposer au projet doit déposer une pétition où les signataires représentent au moins 50 % des foyers qui ont accès à la ruelle. »

5 % pour favoriser le projet… 50 % pour le contrer… C’est ce qu’on peut appeler deux poids, deux mesures.

En d’autres mots, une poignée de citoyens peut accompagner l’arrondissement dans cette initiative. Mais si d’autres résidants ne sont pas d’accord, ils doivent alors organiser une véritable mobilisation.

Avant que les supporteurs de Projet Montréal m’exécutent sur les réseaux sociaux, j’aimerais quand même dire que, s’il n’en tenait qu’à moi, toutes les ruelles de Montréal deviendraient des lieux sécuritaires uniquement offerts aux résidants qui y ont un accès direct.

Qui souhaite vraiment que les ruelles soient utilisées comme raccourcis par n’importe qui comme cela est souvent le cas ? Personne, bien sûr. C’est un peu le principe de la tarte aux pommes, vous ne trouvez pas ?

Mais ce qui me renverse dans cette affaire, c’est la manière, une fois de plus, dont les élus de Projet Montréal s’y prennent pour atteindre leur objectif, c’est cette idée de fausse consultation citoyenne, c’est cette désagréable impression qu’on nous prend pour des valises.

Rendu là, laissons tomber ces méthodes bidon et procédons au changement, appliquons des règlements sans passer par l’opinion publique.

Au fond, on publie ces consignes pour pouvoir dire : vous voyez, on a consulté la population ! Nous sommes démocratiques !

Je me suis entretenu mardi avec Marie-Andrée Mauger, conseillère d’arrondissement à Verdun. Selon elle, cette approche constitue un « processus totalement démocratique ».

« Les citoyens souhaitaient ces changements, dit-elle. Mais on voulait que ça émane d’abord d’eux. » Mme Mauger précise que l’arrondissement se dit toutefois prêt à revenir en arrière s’il y a une insatisfaction du public. Cela s’est d’ailleurs produit l’été dernier avec le programme Jouer dans la rue.

Ce n’est pas la première fois que des élus de Projet Montréal donnent l’impression de consulter inutilement les Montréalais. Souvenez-vous du « sondage » prébudgétaire dont je vous parlais au mois d’août dernier.

Je pourrais aussi évoquer la création de zones de stationnement sur rue réservées aux résidents (SRRR) dans certains arrondissements. On peut implanter des vignettes dans une rue en faisant une simple requête. Pour cela, il suffit que seulement 2 % des résidants (qui vivent aux abords de cette rue) se prononcent.

Comme je le disais, ce sont des petites choses de rien du tout. Mais qui suscitent la perplexité. Et qui font croire que la participation citoyenne, ça peut être à la fois grandiose et superflu.

Stationnement en moins

Des membres de l’opposition à la Ville de Montréal voulaient savoir combien de places de stationnement avaient disparu au cours des trois dernières années. Ils ont enfin eu leur réponse lundi lors de la dernière séance du conseil municipal.

Depuis 2018, 4280 espaces de stationnement ont été éliminés. Près des deux tiers l’ont été pour faire place à de nouvelles pistes cyclables. Les autres places ont été effacées pour permettre l’élargissement des trottoirs (saillies) ou pour mieux sécuriser les zones scolaires.

PHOTO DAVID BOILY LA PRESSE, ARCHIVES LA PRESSE

Des membres de l’opposition à la Ville de Montréal voulaient savoir combien de places de stationnement avaient disparu au cours des trois dernières années.

De ces 4280 places, 1135 étaient tarifées et 3145 ne l’étaient pas.

Le chiffre de 4280 peut frapper l’imagination, mais il faut savoir que cela représente moins de 1 % de l’ensemble des 500 000 places de stationnement sur rue à Montréal.

À cela s’ajoutent 450 000 places de stationnement privées.

Bref, il n’y a pas de quoi écrire à sa mère.

Cela dit, il ne faudrait pas continuer à éliminer les places de stationnement à un tel rythme. Où allons-nous garer tous les véhicules électriques souhaités par François Legault d’ici à 2030 ?