Québec devra s’attendre à de nombreuses plaintes à la Commission des droits de la personne si le projet de loi qui déréglemente l’industrie du taxi n’est pas modifié pour y inscrire l’obligation d’offrir un service équivalent aux personnes handicapées.

L’organisme Kéroul, qui facilite l’accès au tourisme et à la culture pour les personnes handicapées, a lancé cet avertissement, lundi, à l’occasion de la dernière journée de consultation sur le projet de loi 17 sur l’industrie du transport rémunéré de personnes.

Et Kéroul n’est pas le seul à s’inquiéter de leurs droits. La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, dans son mémoire, y a aussi vu « un recul pour les personnes en situation de handicap », puisque le projet de loi n’encadre pas spécifiquement le transport par taxi de ces personnes.

Isabelle Ducharme, présidente du conseil d’administration de Kéroul, a rappelé au ministre des Transports, François Bonnardel, que cette clientèle est appelée à croître, avec le vieillissement de la population, sans compter les personnes âgées qui, sans être handicapées, ont à se déplacer avec un déambulateur et qui peuvent avoir besoin d’un coup de main.

« Présentement une personne handicapée en fauteuil roulant ne peut pas obtenir un service de transport comme tout le monde. Lorsque nous appelons une entreprise de taxi, on nous répond que le service n’est pas disponible, qu’il aurait fallu appeler la veille, la majorité du temps », a illustré Mme Ducharme.

Or, les personnes handicapées veulent aussi aller au cinéma, au restaurant, sans devoir le décider l’avant-veille et réserver un taxi en conséquence.

Mme Ducharme a donné l’exemple des villes de Calgary et Ottawa, où 11 et 15 %, respectivement, des flottes de taxis sont accessibles aux personnes handicapées. Au Québec, la moyenne serait de 8 %. À Londres, en Angleterre, c’est encore mieux.

Bonnardel ouvert

La Commission des droits de la personne, quant à elle, s’est dite étonnée du fait que Québec n’ait pas reproduit les dispositions qui permettaient d’offrir une protection à ce chapitre. « Nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement ne reconduit pas les dispositions de la loi actuelle ou n’offre pas de garanties équivalentes en vue d’assurer le respect des droits et libertés des personnes en situation de handicap », a commenté son président, Philippe-André Tessier.

La loi, à l’heure actuelle, prévoit des règles pour encadrer l’offre de taxis accessibles, la tarification des services et la formation des chauffeurs appelés à transporter ces personnes.

Le ministre Bonnardel a exprimé une ouverture certaine à s’attaquer au problème. « Si on peut mieux nommer le transport adapté et le service qu’on doit vous offrir, on va le faire dans cette loi, ça je vous le garantis », a-t-il conclu.