Les automobilistes qui font des trajets de longue durée pour se rendre au travail sont de plus en plus nombreux au pays, révèle une nouvelle étude de Statistique Canada. Coup d'oeil sur un phénomène en expansion.

« Je passais l'équivalent d'une semaine de travail entière par mois dans ma voiture pour me rendre au travail. »

Résidant de Bois-des-Filion, Luc Painchaud a fait la navette pendant sept ans jusqu'à Boucherville pour se rendre au boulot. Trois ponts bien comptés et un réveille-matin qui sonnait de plus en plus tôt au fil des ans.

« Vers la fin, dès 5 h 30 à Laval, ça bouchait. »

Tout cela a eu raison de sa patience : il a fini par changer de travail.

Dans la grande région de Montréal, ils étaient 94 500 en 2016 à donner dans la navette extrême, à consacrer, quoi, au moins 60 minutes à leur transport vers le travail, selon une étude sur le sujet publiée hier par Statistique Canada.

En proportion, ces longs trajets sont le lot de 7,2 % de tous les navetteurs automobiles dans la métropole.

Au pays, 60 % de ceux qui devaient parcourir un trajet de longue durée en automobile travaillaient à Toronto, Montréal ou Vancouver.

Le lieu de résidence à éviter si l'on n'aime pas vivre dans son auto, selon les données provenant du dernier recensement : Barrie, en Ontario, où l'on enregistrait la plus forte proportion de trajets de longue durée en automobile en 2016.

Pour ce qui est de Montréal, si 75 % des navetteurs qui consacrent au moins 60 minutes au transport vers le travail viennent de la région métropolitaine, 17 % viennent de plus loin encore, comme Joliette, Granby ou Drummondville. Ils ne font cependant pas nécessairement le trajet tous les jours.

De plus en plus nombreux

À l'échelle du pays, la situation a empiré entre 2011 et 2016, explique Sébastien Larochelle-Côté, auteur de l'étude. « Le nombre de personnes qui consacrent plus de 60 minutes pour se rendre au travail a augmenté de 5 % entre 2011 et 2016 », explique-t-il.

Le nombre de Canadiens qui font la navette en voiture, lui (sans égard ici pour le nombre de minutes qui sont passées dans le véhicule), a augmenté de 3 %.

Cette réalité des longs trajets a bien sûr des répercussions « sur le bien-être et la qualité de vie des résidants de ces villes », en plus d'ajouter une pression sur les infrastructures des grandes villes du Canada, fait-on remarquer dans l'étude.

À Montréal, la longueur des trajets s'est-elle beaucoup accentuée entre 2011 et 2016, alors qu'on en était encore aux premières phases des chantiers du pont Champlain et de Turcot ?

Statistique Canada n'a pas mesuré l'évolution des choses ville par ville entre ces deux années de référence.

Du côté de Québec, où fait rage le débat sur la pertinence d'un troisième lien, à peine 2,3 % des automobilistes de cette grande région ont déclaré passer plus de 60 minutes dans leur voiture pour se rendre au travail, lors du recensement de 2016. Cela classe la capitale nationale au 29e rang sur 35 régions métropolitaines de recensement au Canada.

- Avec La Presse canadienne