Le FRAPRU rapporte qu’en date de lundi, 175 ménages à travers le Québec n’ont toujours pas trouvé de logis, alors que 45 d’entre eux sont hébergés temporairement par les villes. Loyers trop chers, appartements trop petits ou insalubres: ce sont plus de 500 ménages qui ont demandé de l’aide pour se trouver un logement, selon les chiffres avancés par l’organisme.

Dans son rapport annuel au lendemain du 1er juillet, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) critique vertement la «mauvaise gestion de crise» de la part du gouvernement Legault et de l’administration Plante de Montréal, où la situation est à son pire depuis une décennie, selon la porte-parole Véronique Laflamme. Plusieurs villes du Québec sont bel et bien aux prises avec une «crise» du logement, un terme sur lequel insiste l’organisme.

À Montréal, le taux d’inoccupation est actuellement de 1,9%, un chiffre en dessous du seuil d’équilibre de 3% cité par la Société canadienne d’hypothèque et de logement. Cette dynamique a mené à trois fois plus de demandes d’aide par les ménages que l’année dernière. Qui dit rareté, dit hausse de prix. «42 000 ménages sont à haut risque d’itinérance parce qu’ils allouent 80% de leurs revenus pour se loger», a déclaré Céline Magontier, responsable des dossiers montréalais au FRAPRU.

La situation s’est aussi dégradée à Gatineau, où le taux d’inoccupation est passé de 3,8% en 2018 à 1,2% cette année. Le FRAPRU cite les inondations et tornades ayant balayé la région comme facteurs déterminants à la détérioration du marché locatif. 46 ménages gatinois ont fait une demande d’aide cette année, et 17 d’entre eux n’ont toujours pas trouvé de logement.

Drummondville, Laval, Longueuil, Québec et Sherbrooke ont aussi été cités par le FRAPRU comme des exemples de cas problématiques.

Tout est sous contrôle, assure Québec

BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Andrée Laforest

La ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, confirme les chiffres du FRAPRU et ajoute qu’il reste également 10 ménages à relocaliser à Longueuil, 14 à Sherbrooke et sept à Gatineau. Selon Mme Laforest, plusieurs d’entre eux pourront intégrer leur logement dans les prochaines semaines en raison de travaux de rénovations ou de réparations.

Elle refuse de parler de crise du logement, mais elle reconnaît le manque de logements sociaux et l’importance d’agir.

Conséquences sur les enfants

Le manque de logements familiaux abordables force bien des familles à s’entasser dans des appartements trop petits. Un phénomène qui n’est pas sans conséquence sur le développement des enfants.

Les membres d’une famille vivant dans un logement dont l’espace est restreint «seraient à risque de développer des maladies respiratoires et gastroentériques infectieuses en plus des difficultés associées au stress, à la santé mentale, au sommeil, ainsi qu’à l’insécurité alimentaire», soutient l’Observatoire des tout-petits de la Fondation Lucie et André Chagnon.

Selon des données de 2016 dévoilées par l’observatoire, 12% des enfants du Québec grandissent dans des appartements trop petits pour leurs besoins.

À Montréal, ce taux bondit à plus d’un enfant sur quatre (27%). La seule région qui affiche un pire taux est le Nord-du-Québec où il s’élève à 35,2%.

Selon la Norme nationale d’occupation (NNO), les parents et les enfants doivent occuper des chambres séparées. Les enfants ne peuvent être plus de deux à partager une chambre et les enfants de sexe opposé ne doivent pas partager la même chambre à partir de l’âge de cinq ans.

Pression sur le marché

Parmi les facteurs qui exercent de la pression sur l’offre de logements locatifs sur le marché, il y a d’abord le phénomène Airbnb, où les propriétaires préfèrent offrir des locations à court terme aux touristes pour empocher plus d’argent.

Québec croit pouvoir ralentir la tendance depuis l’adoption d’une loi obligeant les propriétaires à obtenir un numéro d’enregistrement auprès du ministère du Tourisme. De plus, les municipalités ont maintenant le pouvoir de réglementer la pratique sur leur territoire.

Le gouvernement entend également agir sur la conversion de logements en copropriétés. La ministre Laforest annonce que la refonte de la Régie du logement va permettre de mieux encadrer cette démarche de certains propriétaires.

«Si les gens sentent qu’il y a eu de l’abus, il faut immédiatement communiquer avec la Régie du logement. L’abus des locataires, c’est complètement interdit et c’est à ne pas faire», a déclaré la ministre.

- Avec La Presse canadienne