À quelques jours de l'ouverture du Sommet de la Francophonie, la ministre Mélanie Joly martèle que la position d'Ottawa « n'a pas changé » concernant la candidature de Michaëlle Jean, mais elle insiste principalement sur le fait que « l'important, c'est que le sommet d'Erevan soit un succès ».

L'ex-gouverneure générale du Canada, qui sollicite un deuxième mandat à la tête de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), peut compter ses appuis sur les doigts d'une main. Selon plusieurs observateurs, elle ne fera pas le poids face à sa rivale, la Rwandaise Louise Mushikiwabo.

Celle-ci a obtenu le sceau d'approbation du président français Emmanuel Macron et de l'Union africaine. De son côté, Michaëlle Jean est soutenue par son pays natal, Haïti, et celui d'adoption, le Canada. On ne sait toujours pas où loge le premier ministre désigné du Québec, François Legault.

Au printemps dernier, le gouvernement canadien avait défendu bec et ongles la candidature que le Parti conservateur avait désavouée. La ministre Marie-Claude Bibeau, qui était responsable du dossier de la Francophonie, assurait que les libéraux étaient « fiers » de le faire.

Sa successeure, Mélanie Joly, a affiché nettement moins d'enthousiasme, jeudi, en entrevue avec La Presse canadienne. Peu importe la question, la réponse était la même : « l'important, c'est que le sommet d'Erevan soit un succès », s'est-elle contentée d'offrir à plusieurs reprises.

« Notre position n'a pas changé », a souligné la ministre.

« On est satisfaits du bilan de Mme Jean au niveau de la protection des droits des jeunes et des droits des femmes. Elle a travaillé très fort aussi dans les opérations de maintien de la paix et de transition vers la démocratie, surtout au sein de pays d'Afrique », a-t-elle ajouté.

C'est aussi ce qu'on fait valoir en coulisses : que la Canadienne a fait un bon boulot à l'OIF, et donc, que l'appui libéral demeure. En revanche, au courant de l'été, on a réalisé en mesurant les appuis que sa réélection serait « difficile », a exposé jeudi une source gouvernementale.

Du côté du Parti conservateur du Canada, le député Alain Rayes ne perd pas de sommeil en pensant au sort qui attend Michaëlle Jean. « Moi, de mon côté, je suis totalement indifférent à ce qui se passe actuellement avec sa candidature », a-t-il lâché.

« Les gens sont offusqués de voir comment l'argent a été dépensé par son organisation et par elle-même qui tenait les cordons de la bourse », a ajouté l'élu conservateur en mêlée de presse au parlement.

Au Bloc québécois, le député Mario Beaulieu a signalé qu'« on ne l'appuiera pas simplement parce qu'elle est Québécoise ». Car les « dépenses royales » qu'elle a faites pendant son mandat, « ça ne donne pas un bon rayonnement au Québec ».

Le règne de Michaëlle Jean à la barre de l'organisation internationale été assombri par des histoires de dépenses discutables, dont plusieurs ont été rapportées par les médias de Québecor.

L'élection à la tête de l'OIF, qui aura lieu la semaine prochaine au sommet d'Erevan, en Arménie, se fait par consensus et non par vote.

La victoire de la Canadienne en 2014 au sommet de Dakar, au Sénégal, avait été largement rendue possible par l'absence de consensus des pays africains, qui n'étaient pas parvenus à s'entendre sur une candidature d'une personne issue du continent.

La candidate a décliné toutes les demandes d'entrevues faites par La Presse canadienne au cours des derniers mois, incluant celle formulée jeudi matin. Son porte-parole à l'OIF, Bertin Leblanc, a justifié ces refus répétés en invoquant l'agenda chargé de Mme Jean.