Dans une grande salle remplie d'écrans, des employés d'Hydro-Québec veillent jour et nuit sur la santé du réseau électrique de la province.

Puissante tempête dans l'Est, froid extrême, déferlements côtiers et vents violents. Un cocktail météo qui a de quoi mettre à l'épreuve le réseau électrique québécois. Sur le terrain, des centaines d'employés d'Hydro-Québec se déploient depuis que Dame Nature a choisi de jouer à la dure. Mais derrière eux, une femme use de stratégies pour la défier.

« Ici, c'est vraiment la vigie, la gestion centralisée pour la province. » Au centre d'une vaste pièce remplie d'écrans, Nathalie Tremblay veille sur la santé du réseau électrique québécois. C'est elle qui a été aux commandes du Centre de gestion des activités de distribution, le CGAD, pendant la période des Fêtes. Deux bonnes semaines pendant lesquelles l'hiver s'est ancré au Québec.

« C'est ici qu'on suit l'évolution de toutes les pannes en temps réel. On voit le portrait global, on voit aussi où sont nos équipes », explique la chef Préparation, ordonnancement et conduite de réseau chez Hydro-Québec. Dans la grande salle des installations au centre de l'île de Montréal, au 8181, avenue de l'Esplanade, les bilans sont dressés toutes les heures et les conférences téléphoniques se succèdent.

« Ça peut fourmiller pas mal. Quand il y a un évènement majeur, la salle, ici, elle est pleine. Ça devient le centre de coordination. Il faut s'assurer que tout fonctionne », indique l'ingénieure de formation. Les opérations se déroulent en continu, 24 heures sur 24, sept jours sur sept. « On ne compte pas les heures, on est là le temps qu'il faut », poursuit-elle.

Sur le mur au fond des lieux, de grands écrans plats sont accrochés côte à côte. « C'est notre mur média », précise Mme Tremblay. C'est entre autres là qu'elle surveille les éléments. Le premier écran montre les vents qui soufflent sur le territoire. Un autre diffuse les images des prévisions météo. C'est aussi sur ce mur qu'elle sait en un coup d'oeil où sont déployées ses équipes.

Prévenir pour mieux guérir

« Ce sont nos yeux sur le terrain », illustre-t-elle. La semaine dernière, avant que Dame Nature ne frappe l'est de la province jeudi, 16 équipes ont été envoyées d'urgence en Gaspésie. « On savait que ça s'en venait. On a déplacé nos équipes en amont pour s'assurer d'avoir une force de frappe plus grande », dit-elle. Vendredi, 900 clients étaient privés de courant dans la région.

« Ils ont eu du mal à se rendre quand même. Il faut donc aussi être en communication avec le [Ministère des transports du Québec] et la SQ pour assurer la sécurité de nos équipes sur le réseau routier », ajoute-t-elle. C'est aussi le service de Mme Tremblay qui a pris la décision d'envoyer 115 employés de la société d'État en renfort à la Nouvelle-Écosse, durement éprouvée par la « bombe météo ».

Sur l'un des écrans du « mur média », une veille était d'ailleurs en cours sur l'état de la situation chez Nova Scotia Power. Au plus fort de la panne, 270 000 clients néo-écossais étaient sans électricité. Hier, ce nombre avait fondu à 2900.

« Quand on a des demandes comme celle-là, il faut évaluer ce qui s'en vient chez nous pour ne pas mettre en péril notre réseau. »

Malgré l'imposante gymnastique des activités au quotidien du CGAD et le froid polaire qui s'accroche, Nathalie Tremblay estime que le réseau s'en tire bien. « S'il n'y a pas beaucoup de pannes en ce moment, c'est parce qu'on a fait du travail cet automne. Il faut faire une analyse du réseau, s'assurer qu'il est dans le meilleur état possible pour être prêt à affronter l'hiver. »

Course contre la montre

Les soirs du 31 décembre 2017 et du 1er janvier 2018 ont néanmoins donné du fil à retordre à Hydro-Québec. De 25 à 30 équipes étaient sur le terrain. Chaque équipe est composée de deux monteurs de ligne ou de « jointeurs » pour intervenir sous terre. Le 28 décembre, des milliers de Québécois ont aussi perdu le courant. La durée des pannes a beaucoup varié.

Lorsqu'il y a panne de courant, surtout pendant les conditions météo extrêmes, c'est toujours une course contre la montre, explique Mme Tremblay. « Ce que j'aime dans mon travail, c'est quand on est en mode opérationnel, en temps réel, qu'il faut arrimer beaucoup d'activités et s'assurer que tout est bien coordonné pour respecter des dates d'engagement pour un client », résume-t-elle.

« On est au coeur de la distribution. Quand un évènement devient provincial, ça crée une pression supplémentaire. C'est certain qu'il y a des moments qui sont plus stressants que d'autres. » Outre Nathalie Tremblay, trois autres chefs Préparation, ordonnancement et conduite de réseau sont actifs chez Hydro-Québec ailleurs sur le territoire.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Nathalie Tremblay est chef Préparation, ordonnancement et conduite de réseau chez Hydro-Québec. Son rôle est de veiller sur la santé du réseau électrique québécois.