Un élu lavallois s'est montré «imprudent» en utilisant son statut de politicien pour se porter à la défense d'un restaurant montréalais convoqué devant la Régie des alcools, mais n'a pas enfreint son code d'éthique pour autant, a tranché la Commission municipale du Québec.

Le conseiller municipal de Laval Vasilios Karidogiannis faisait l'objet d'une plainte en déontologie après avoir publié un message, le 1er août 2015, sur le site internet du restaurant Buonanotte alors que celui-ci était devant la Régie des alcools en raison d'une partie de sa clientèle liée au milieu criminalisé. L'élu avait envoyé une photo de lui et sa femme célébrant leur 10e anniversaire de mariage dans son restaurant en écrivant : «Fais savoir à la Régie que je suis un politicien.»

«Il est évident pour la Commission que monsieur Karidogiannis a été imprudent. Un homme public doit exercer un devoir de réserve malgré son droit de parole», écrit le juge administratif Thierry Usclat.

Malgré cette imprudence, «la diffusion de ce message sur le site du restaurant Buonanotte n'avait aucun lien ni aucune pertinence avec les affaires de la Ville», poursuit M. Usclat. Celui-ci ajoute que, dans son message, l'élu «ne précise pas qu'il est un conseiller municipal de la Ville de Laval. Il se présente comme un politicien». Enfin, rien ne démontre que l'élu a tenté d'influencer la décision de la Régie.

Bref, le juge administratif rejette la plainte, estimant qu'il n'y a pas entorse au code d'éthique des élus de Laval.

Même si elle exonère le conseiller municipal, la CMQ invite les élus à faire preuve de davantage de prudence. «La Commission invite tout élu municipal à la prudence lorsqu'il tient des propos dans lesquels il fait référence, même de manière indirecte, à ses fonctions d'élu ou de politicien» pour éviter que leurs propos soient mal interprétés ou perçus.

Fait particulier, la CMQ n'a entendu qu'un seul témoin durant cette cause, soit l'élu visé par la plainte. Le procureur indépendant chargé de plaider l'affaire, Me Nicolas Dallaire, n'a présenté aucune preuve durant l'audition. Dans ses notes transmises au juge administratif, celui-ci a même défendu le conseiller municipal. Il a écrit que «la preuve et les explications fournies par l'élu relativement aux circonstances entourant la publication du message démontrent que monsieur Karidogiannis n'a pas commis de manquement du code d'éthique».

Durant son témoignage, l'élu a expliqué qu'il voulait démontrer «que le restaurant n'était pas fréquenté uniquement par des gens du milieu criminalisé, mais également par des professionnels, des gens du milieu artistique, des sportifs ainsi que des politiciens».

La publication est restée sur la page 30 jours, l'élu la supprimant après le dépôt d'une plainte au conseil municipal. Il a reconnu à la CMQ que son message était «une erreur», disant avoir été «maladroit».