Après avoir essuyé ce qu'ils décrivent comme des «moqueries» de la part d'Hydro-Québec après qu'ils lui eurent demandé d'utiliser les surplus d'électricité à des fins commerciales, les Innus de la Romaine se rendent sur la colline Parlementaire, aujourd'hui, pour rencontrer les ministres des Affaires autochtones et des Ressources naturelles.

Les dirigeants du Conseil des Montagnais d'Unamen Shipu (la Romaine) veulent se faire entendre et surtout être accueillis avec respect. Mardi dernier, ils ont rencontré l'équipe d'Hydro-Québec en relations autochtones et des avocats de la société d'État. Ils sont ressortis de la réunion avec le sentiment d'avoir été traités comme des citoyens de seconde zone.

«J'étais content qu'Hydro-Québec accepte de nous rencontrer, mais j'ai été très déçu parce que j'ai senti qu'on se moquait de la communauté innue. Les représentants d'Hydro-Québec nous ont dit d'aller nous parler en innu entre nous sur un ton qui ne trompait pas», a déclaré à La Presse le vice-chef Georges Bellefleur.

Mécontents de l'entente conclue en 2008 avec Hydro-Québec, les Innus de la Romaine ont adopté une résolution, en mars dernier, pour obtenir «réparation et compensation auprès d'Hydro-Québec». Une demande d'une rencontre avait alors été formulée.

C'est ainsi qu'Hydro-Québec a reçu des membres du Conseil d'Unamen Shipu mardi, dans ses bureaux de Québec. Mais la discussion sur la validité de l'entente aurait tourné au vinaigre, selon M. Bellefleur.

Selon ce dernier, Hydro-Québec a tenté de semer la zizanie entre les communautés innues sur le partage de l'argent reçu annuellement par chacune d'elles. «Leur intention, c'est qu'il y ait de la chicane entre nous, mais on n'embarquera pas dans ce jeu-là», a déclaré M. Bellefleur.

Si l'on en croit Hydro-Québec, «la rencontre a été cordiale et s'est déroulée poliment». «Le partage des fonds entre les communautés est au coeur du litige et cela les concerne», a précisé le porte-parole Serge Abergel, avant d'ajouter que «la société a toujours à coeur le maintien de bonnes relations».

L'avenir avec l'hydrogène

En outre, il a été question de l'avenir de la communauté innue, qui veut mettre la main sur les surplus d'électricité pour produire et vendre de l'hydrogène. «Mais on nous a dit qu'il n'y avait pas de surplus d'électricité et qu'il manquait même de power», relate avec étonnement M. Bellefleur.

Sur la place publique, la société d'État estime toutefois ses surplus d'électricité pour 2015 à 6,6 TWh.

M. Abergel a tenu à corriger l'impression des Innus selon laquelle les surplus sont «gaspillés». «Ce n'est pas le cas. Ils sont emmagasinés sous forme d'eau», a-t-il expliqué.

À Unamen Shipu, on estime que ces surplus correspondent à un «bloc énergétique patrimonial innu». Les arguments du conseil de bande ainsi que les grandes lignes du projet d'hydrogène seront présentés ce midi au ministre responsable des Affaires autochtones, Geoffrey Kelley, et à son collègue Pierre Arcand, ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, responsable du Plan Nord et de la région de la Côte-Nord.

Deux autres chefs innus seront présents à la rencontre, solidaires de la volonté exprimée par leurs collègues d'Unamen Shipu de développer la filiale d'hydrogène.