C était lundi ou mardi soir, j'avais les mains dans l'eau de vaisselle, et ça sonne à la porte. M... Sollicitation à domicile ! J'ouvre tout de même, pour me retrouver face à face avec le ministre de la Santé. La surprise a été la même des deux côtés.

C était lundi ou mardi soir, j'avais les mains dans l'eau de vaisselle, et ça sonne à la porte. M... Sollicitation à domicile ! J'ouvre tout de même, pour me retrouver face à face avec le ministre de la Santé. La surprise a été la même des deux côtés.

Plutôt sympa, le doc Bolduc. Et visiblement plus accessible que son altesse le doc Couillard. Mais ce qui m'a impressionné, dans cette anecdote, c'est de voir qu'il trouve le temps de faire du porte-à-porte, à travers les soubresauts de la guérilla menée par les différents lobbies qui se chicanent autour du projet du CHUM à Montréal.

Il la veut, la job, le docteur Bolduc. Beaucoup plus, en tout cas, que la plupart des candidats libéraux et bloquistes de Québec, qui sont invisibles depuis le déclenchement de la campagne électorale fédérale. À part la bloquiste Christiane Gagnon, qui se bat pour sauver son siège, il n'y a pas beaucoup de signes de vie chez les candidats de l'opposition dans la capitale nationale. Les pancartes se sont fait attendre et les hostilités ne sont pas encore engagées. Le "mystère de Québec" n'augure pas de grands bouleversements cette année.

C'est un peu surprenant, parce que sur papier, les circonscriptions de la Ville de Québec devraient être éminemment prenables pour l'opposition. Trois des députés conservateurs, Daniel Petit, Sylvie Boucher et Luc Harvey, ont été élus avec une majorité de moins de 2 % en 2006. Ils étaient des inconnus du grand public aux dernières élections, et ils sont tout aussi inconnus deux ans et demi plus tard. Mais les querelles internes qui ont divisé la famille souverainiste et la traversée du désert des libéraux depuis le scandale des commandites ont sapé les forces de l'opposition. Avec comme résultat que les députés Petit, Boucher et Harvey vont peut-être obtenir un autre mandat à 165 000 $ par année pour se taire à Québec et applaudir le gouvernement pendant la période de questions à la Chambre des communes.

Comment expliquer une telle faiblesse de la députation conservatrice de Québec ? Celle de la Rive-Sud a été beaucoup plus visible. On ne parlera pas ici de Maxime Bernier, qui aurait pu se passer de la publicité autour de sa vie sentimentale avec Julie Couillard. Mais les autres, Steven Blaney, Jacques Gourde et Christian Paradis, ont pris leur place à Ottawa et dans les médias. Ils avaient été élus avec de fortes avances de 15 à 25 points de pourcentage sur leurs adversaires. On peut donc comprendre la difficulté de l'opposition, surtout les libéraux, à leur trouver des adversaires solides cette année. Mais à Québec, c'est inexcusable. Je vous prédis qu'il n'y aura pas de débat public entre les candidats dans Louis-Hébert, Charlesbourg - Haute-Saint-Charles et Beauport-Limoilou cette année. Stephen Harper ne permettra jamais à ses représentants dans ces circonscriptions d'aller se faire cuisiner en public.

Normalement, c'est le Bloc qui devrait menacer ces députés. Mais Gilles Duceppe devra se sortir du débat entourant la pertinence de sa présence à Ottawa. On veut bien croire M. Duceppe lorsqu'il dit que son parti a joué un rôle dans les décisions prises en politique fédérale depuis 1990. Mais on constate aussi une lassitude à l'endroit de ce parti qui se cherche une cause et une justification depuis que la souveraineté n'est plus au programme du Parti québécois. À certains égards, M. Duceppe a été l'artisan de ses malheurs en mettant Stephen Harper au défi de reconnaître la nation québécoise ou de régler le déséquilibre fiscal. Harper a bougé dans les directions demandées, à un point tel qu'il en fait maintenant son slogan de campagne au Québec. M. Duceppe n'a plus qu'un argument principal, celui de se présenter comme le seul véhicule capable de priver les conservateurs d'une majorité aux Communes.

C'est un peu faible de la part d'un parti souverainiste qui vilipendait les libéraux de Jean Chrétien et de Paul Martin avec la même ferveur, il n'y a pas si longtemps. Parce qu'au fond, la position que nous propose le Bloc consisterait à élire constamment des gouvernements minoritaires à Ottawa, et à aller aux urnes aux deux ans. Comme disait Parizeau : un Parlement à l'italienne.