Le premier ministre Stephen Harper dit qu'il veut gouverner jusqu'à l'expiration de son mandat en octobre 2009, mais il exige d'avoir les coudées franches en dépit de sa minorité parlementaire et il a prévenu qu'il entendait orchestrer plusieurs votes de confiance sur des enjeux qu'il juge prioritaires pour la session parlementaire qui commence le 15 septembre.

«Le gouvernement doit être capable de gouverner ou d'avoir des élections. M. Dion doit décider. Nous proposerons des mesures importantes au Parlement et si M. Dion n'est pas prêt à travailler avec nous, il doit être prêt à déclencher des élections», a-t-il insisté.

Le premier ministre a prévenu qu'il ne tolérerait plus les «jeux politiques ridicules» ni les «enquêtes sur des scandales qui n'ont jamais existé» qui ont marqué les derniers mois au Parlement fédéral. M. Harper faisait référence sans les nommer à l'affaire Julie Couillard et au scandale du «in and out» sur lesquelles les parlementaires ont promis de revenir à l'automne.

Comme plusieurs de ses ministres l'ont fait au cours des derniers jours, le chef conservateur s'en est par ailleurs pris au «Tournant vert» libéral qui prévoit l'entrée en vigueur d'une taxe sur le carbone conjuguée à des baisses d'impôt pour les individus et les entreprises.

Il eu des mots très durs pour son adversaire qu'il a accusé de vouloir engraisser le gouvernement fédéral sur le dos des contribuables. «C'est une grande erreur de jugement. Le public ne va pas être floué par l'idée qu'on a une taxe neutre pour les revenus», a-t-il déclaré.

«On n'impose pas une nouvelle taxe pour n'avoir pas de revenus. On impose une taxe pour ramasser de l'argent au fédéral. Et c'est son objectif. Nous sommes prêts à avoir un grand débat sur ça», a-t-il ajouté.

Le premier ministre a toutefois refusé de discuter des mesures de réduction des gaz à effet de serre prévues dans le «Tournant vert». La lutte contre les changements climatiques a d'ailleurs été complètement occulté pendant les deux jours qu'a durés le caucus conservateur.

Les élus ont parlé d'économie, de lutte contre le crime et de protection des consommateurs, mais pas de réduction des gaz à effet de serre. Ministre après ministre et député après député ont défilé devant des journalistes peu habitués à ce traitement royal de la part du gouvernement. Mais John Baird, responsable du portefeuille de l'Environnement, est demeuré étrangement discret.

Les libéraux ne se sont pas montrés très impressionnés par la stratégie conservatrice, qui s'apparente à celle qu'ils ont employée l'an dernier. Le député ontarien John McCallum a déclaré en entrevue à La Presse Canadienne qu'il était un peu étrange «que le gouvernement passe son temps à attaquer nos politiques plutôt qu'à dire ce qu'ils vont faire».

Le porte-parole en matière de finances, qui est actuellement au Nouveau-Brunswick pour discuter du Tournant vert, soutient cependant que son parti est «prêt» pour un scrutin qui apparaît de plus en plus plausible.

Au cours des derniers jours, les conservateurs ont en effet tenu un rally partisan à Saint-Agapit, dans Lotbinière, au cours duquel Stephen Harper a lancé un appel clair aux «nationalistes mous» qui pourraient se laisser convaincre de délaisser le Bloc québécois à son profit.

Dans une entrevue au Globe and Mail, son lieutenant québécois Lawrence Cannon s'est de son côté fait le promoteur de l'autonomie des provinces, une philisophie proche de celle de l'Action démocratique (ADQ) avec laquelle les conservateurs ont beaucoup d'affinités.

Les troupes de Stephen Harper, qui entretenaient un rapport très tendu avec la presse nationale, ont fait un effort remarquable pour sourire, répondre aux questions des journalistes et commenter l'actualité.

En trois heures mercredi, les médias ont vu défiler le président du caucus Rahim Jaffer, le leader du gouvernement en chambre Peter Van Loan, le nouveau ministre des Travaux publics Christian Paradis, le ministre des Finances Jim Flaherty, le ministre des Transports Lawrence Cannon, son collègue de la Sécurité publique Stockwell Day et celui de la Justice, Rob Nicholson.

Le défilé s'est poursuivi jeudi toute la journée avec Jim Prentice (Industrie) et Jason Kenney (Multiculturalisme) et Tony Clement (Santé) mais peu d'information a filtré sur les discussions du caucus.