Le gouvernement fédéral a annoncé lundi un programme expérimental de surveillance électronique de détenus parmi les plus dangereux au pays, lorsque ceux-ci auront droit à une libération conditionnelle.

Le ministre de la Sécurité publique, Stockwell Day, a indiqué que ce projet pilote, d'une durée d'un an, commencera le mois prochain et impliquera 30 détenus jugés à risque élevé, en Ontario.

Chacun d'eux devra porter à la cheville un bracelet électronique doté d'un GPS qui signalera sa position à un réseau de surveillance. Le Service correctionnel du Canada serait supposément alerté si le délinquant enfreint une condition de sa libération, par exemple l'heure de rentrée, l'assignation à résidence ou certaines restrictions géographiques.

Les agents du Service correctionnel peuvent suivre les déplacements exacts d'un délinquant en tout temps, ce sont des dispositifs très précis, a affirmé le ministre Day, à Halifax. Le système pourrait, par exemple, indiquer qu'un agresseur sexuel s'est aventuré près d'un secteur qui lui est interdit d'accès, comme une école ou un terrain de jeu. Selon M. Day, ce programme aidera les agents correctionnels et les policiers du pays à faire leur travail.

Les conservateurs s'étaient engagés, au cours de la dernière campagne électorale, à lutter contre la criminalité.

Le programme, qui devrait coûter plus de 600 000 $, sera initialement limité à l'Ontario, mais Ottawa pourrait l'étendre au reste du pays. La Nouvelle-Ecosse utilise déjà un tel système pour surveiller des délinquants et partagera ses appareils et son expertise avec le gouvernement fédéral.

Mais la nouvelle initiative a été vigoureusement dénoncée. Des critiques disent que cette technologie n'est pas encore au point, et qu'elle peut aisément être détournée par des détenus rusés. En Nouvelle-Écosse, notamment, certains auraient coupé le bracelet, ou l'auraient rendu inactif. On rapporte aussi qu'un détenu aurait trompé la vigilance de ses surveillants en attachant le bracelet à un animal domestique.

Selon Craig Jones, cette technologie n'est pas fiable. M. Jones, qui dirige un groupe militant pour la justice, est d'avis qu'équiper des détenus libérés sous condition de ce type de gadget les stigmatise encore davantage et détourne des ressources de programmes éprouvés, basés sur l'intervention humaine, qui contribuent à réadapter les anciens prisonniers.