Chemin de Stukely, Spicer, Alderbrooke, McCullough, Rogers : des noms qui tirent bien souvent leurs origines des loyalistes qui se sont installés dans ce pays au tournant du XIXe siècle, donnant naissance au berceau des Cantons-de-l’Est. C’est quand on jette un coup d’œil à une carte que l’on s’aperçoit à quel point la région foisonne de chemins de toutes sortes, dessinés au hasard de l’établissement des cantons. C’est aussi étonnant de constater à quel point ces routes offrent un contraste saisissant avec les rangs et les montées bien perpendiculaires caractéristiques des régions voisines aménagées sous le régime seigneurial français.
Bien qu’il soit bien difficile de se perdre dans ces chemins de traverse, nous avons tout de même consulté quelques cartes avant le départ, y compris des circuits imaginés pour les adeptes de vélo de type « gravel bike ». On peut aussi consulter Google Maps — les chemins qui ne s’affichent pas sous les pas du petit bonhomme jaune Street View sont bien souvent les plus beaux !
Magnifiques points de vue
Nous avons donc commencé notre balade d’une journée à Bromont, en prenant vers l’est par le chemin Lotbinière qui nous offre rapidement de magnifiques points de vue sur le mont Glen. Impossible ensuite de ne pas s’arrêter le long du chemin de Stukely, qui offre de spectaculaires vues en plongée sur le lac Brome, après quoi on plonge dans la forêt dense de l’étroit chemin Spicer, émerveillés par les minces rayons de soleil qui trouvent leur chemin jusqu’au sol tapissé de fougères.
Le charme opère encore quand on s’arrête dans le village de Knowlton. On recommande vivement le café Bolt, ouvert il y a quelques semaines seulement par Pierre-Étienne Boivin et Véronique Lacoursière, jeune couple attiré par la beauté des lieux. « On a voulu recréer des choses qui nous manquaient de la ville », explique Pierre-Étienne.
On s’est entourés de gens qui sont passionnés, surtout dans le café, mais aussi dans le vin – tout ce qui est offert ici provient de l’importation privée. Mais ce qu’on voulait, au fond, c’était juste inviter les gens à prendre un café chez nous.
Pierre-Étienne Boivin, propriétaire du café Bolt
Le café est excellent, l’accueil, chaleureux et convivial. Il faudra revenir quand la construction du biergarten sera terminée en terrasse arrière, dans quelques semaines, nous promet-on.
On met ensuite le cap sur Sutton en suivant les chemins Byers, Stagecoach, Jackson et Élie, ce dernier rappelant parfois le Vermont, avec ses bâtiments de ferme construits parfois tout juste en bordure de route. Arrivés dans le village, on s’attarde un peu dans les commerces de la rue Principale — il faut prendre une bière dans l’une des deux microbrasseries. On a cette fois choisi de casser la croûte sur la terrasse de chez Sutton Brouërie ; la prochaine fois, ce sera sur celle d’À L’Abordage.
Scottsmore, Dunboro, Farnham’s Corner, East Dunham, Pinnacle Nord sont les hameaux ou lieux-dits que l’on retrouve entre Sutton et Dunham, tous reliés par autant de chemins offrant bien souvent d’imprenables points de vue tantôt sur le massif de Sutton, tantôt sur le mont Pinnacle, tantôt sur le mont Brome. On est heureux de s’y perdre en toute quiétude. C’est aussi une excellente occasion d’y découvrir l’une des nombreuses fermes de légumes bios ou d’élevage d’animaux en pâturage libre. Chose certaine, il faut absolument s’arrêter à l’étonnant Vignoble du Ruisseau pour y manger et faire la dégustation de vins et de spiritueux remarquables. On peut même s’approvisionner en produits de la terre cultivés sur place.
Le joli village de Dunham
On atteint le joli village de Dunham par le chemin Favreau, un autre coup de cœur. On est dans la région viticole par excellence du Québec, mais c’est aussi ici que se trouve la brasserie Dunham, certainement l’une des meilleures microbrasseries de la province, sinon du monde. Installées dans un ancien relais pour diligences érigé en 1865, la brasserie et sa superbe terrasse côtoient l’auberge BOHO, l’épicerie fine La Rumeur Affamée, les Sucreries de l’érable, l’atelier créatif La Factrie et le Dunham Smokehouse, entre autres.
On revient à Bromont soit par les chemins Wells, King ou Iron Hill, alors que d’autres traverses nommées Sanborn, Miltimore ou Chapman permettent de passer à l’est ou à l’ouest du mont Brome, au choix. Attention toutefois au chemin Rogers : en pleine forêt, il est magnifique avec ses affleurements rocheux à quelques mètres à peine du sentier, mais il laisse justement passer une seule voiture à la fois et il est à peine carrossable.
On fait le point sur une journée exceptionnelle dans l’un des nombreux endroits que Bromont propose, que ce soit dans la pittoresque rue Shefford ou sur le boulevard Bromont. Et on prend des notes pour notre prochaine virée en terre loyaliste !