Les Rudsak, Lacoste et Chanel de ce monde volent  la vedette dans les aéroports où certaines boutiques hors taxes ont des allures de centres commerciaux, attirant les voyageurs captifs qui tuent le temps avant de prendre leur vol. Résultat: ceux-ci s'intéressent de moins en moins aux produits vendus à bord de l'avion.

Au cours d'un vol, entre la distribution des formulaires douaniers et le service du repas, les agents de bord circulent encore dans les allées avec un chariot contenant bouteilles de parfum, bijoux ou même cigarettes pour les passagers qui souhaitent acheter des produits non taxables.

Or, comme un certain nombre d'entre eux ont fait des emplettes avant de monter dans l'avion, l'intérêt pour ce qui est offert en vol diminue. «On a vu fondre nos volumes et nos marges au cours des trois à cinq dernières années», confirme Jean-François Lemay, président-directeur général d'Air Transat.

Il y a cinq ans, l'entreprise comptait trois chariots de produits hors taxes à bord de ses appareils effectuant des liaisons internationales. Aujourd'hui, il n'y en a qu'un seul. M. Lemay croit que «la qualité des boutiques hors taxes dans les aéroports qui deviennent une invitation assez pressante à consommer» a modifié les habitudes de «magasinage» des voyageurs.

À Montréal-Trudeau, par exemple, on a effectué des travaux majeurs d'agrandissement de la boutique hors taxes au cours des dernières années. Entre 2015 et 2016, on a noté une croissance de 8 % des ventes pour la boutique située dans la zone internationale.

Manque d'espace

Par ailleurs, les compagnies aériennes sont toutes prises avec le même problème: le manque d'espace à l'intérieur de la cabine. Ce qui explique aussi la diminution du nombre de chariots destinés aux produits hors taxes.

«On essaie de garder ce qui est le plus populaire: cigarettes, alcool», cite en exemple le patron d'Air Transat, Jean-François Lemay. Sur les vols vers le Sud, c'est la lotion solaire qui se vend bien.

«On regarde le comportement de nos passagers. On cible mieux les produits et on réduit.»

Acheter avant de voler

S'il souhaite gagner de l'espace, Jean-François Lemay ne veut pas mettre fin à la boutique hors taxes, mais inciter davantage de gens à l'achat en ligne. Les voyageurs qui commandent leurs produits avant le voyage retrouvent leurs achats sur leur siège. «Si on est capable de satisfaire les clients en précommande, on pourrait éliminer les chariots.»

Cette option ne semble toutefois pas dans les plans d'Air Canada et de Sunwing. «Avec l'augmentation des services offerts vers des destinations internationales, notre boutique hors taxes est de plus en plus populaire tant à bord des vols qu'à la précommande, a plutôt affirmé la porte-parole d'Air Canada, Isabelle Arthur, par courriel. Nous ajoutons continuellement de nouveaux produits, et nos chariots sont toujours aussi pleins!»

Même son de cloche du côté de Sunwing. «Quoique certains clients achètent des produits hors taxes en ligne, la tendance demeure: la majorité des clients achètent des produits à bord des avions après avoir feuilleté le magazine de produits hors taxes», précise pour sa part la porte-parole du transporteur, Marie-Josée Carrière.

Photo Edouard Plante-Fréchette, La Presse

L'intérêt pour les produits offerts en vol diminue, confirme-t-on chez Air Transat.