Le tourisme de luxe. Voilà le créneau que tentera d'exploiter à Montréal le chic hôtel Mount Stephen, qui ouvrira enfin ses portes mardi après quatre ans de travaux marqués par les difficultés et la controverse.

Jadis club privé, l'endroit, situé rue Drummond dans le quartier du Mille carré doré à Montréal, a été reconverti en hôtel par le promoteur Tidan. C'est la firme d'architectes Lemay qui s'est chargée de la conception et de l'aménagement de l'établissement comptant 90 chambres, dont 21 suites.

Qui passera la porte du lobby? «Ce sont des clients qui voyagent habituellement en première classe», illustre le directeur de l'hôtel, Antoine Naoum, en entrevue, rappelant du même souffle que le tourisme de luxe est un marché en plein essor et qu'il existe peu de produits pour cette clientèle à Montréal. Ainsi, une nuit au Mount Stephen n'est pas à la portée de toutes les bourses. Le prix des chambres se situe au-delà de 400 $ la nuitée.

Question de patrimoine

Le projet a nécessité des investissements de 25 millions de dollars. La reconversion de ce joyau de l'architecture bourgeoise en hôtel ne s'est pas faite sans heurt. L'intégration de la façade de l'édifice patrimonial - construit entre 1880 et 1883 - à un nouvel édifice érigé derrière a occasionné des problèmes de structure. La devanture s'est même fissurée et affaissée. Le promoteur a également démoli trois cheminées. Ces dommages, rapportés par plusieurs médias l'année dernière, avaient soulevé l'ire des organismes de défense du patrimoine.

C'est d'ailleurs La Presse qui a informé Dinu Bumbaru, directeur des politiques d'Héritage Montréal, de l'ouverture imminente de l'hôtel. Ce dernier trouve difficile d'émettre une opinion sur le résultat définitif puisqu'il ne s'est pas rendu sur place récemment. S'il assure ne pas remettre en question la sincérité du promoteur, M. Bumbaru affirme que «la catastrophe a été évitée de justesse».

Natalie Bull, directrice générale de la Fiducie nationale du Canada estime pour sa part que le cas du Mount Stephen devrait servir de leçon pour l'avenir. 

Natalie Bull, directrice générale de la Fiducie nationale du Canada estime pour sa part que le cas du Mount Stephen devrait servir de leçon pour l'avenir. «Dans ce genre de projet, il faut encourager l'implication de professionnels qui ont une expertise en patrimoine», soutient-elle.

Nouveau départ

Les problèmes soulevés seraient toutefois chose du passé, au dire de M. Naoum. «L'édifice est dans un meilleur état physique qu'il ne l'a jamais été, assure-t-il. Les détails ont été mis en relief.» Le directeur général insiste également pour dire que lorsque les gens se trouvent face à l'édifice de la rue Drummond, c'est la vieille façade qui vole la vedette et non la nouvelle partie située derrière. 

Il vante notamment les mérites du lobby, imposant avec ses plafonds d'une hauteur de 15 pieds. «C'est un musée ouvert», lance-t-il fièrement. L'établissement fait partie, avec le St-James, de Leading Hotels of the World, un consortium qui rassemble quelque 375 hôtels de luxe dans 75 pays.

Pour l'ouverture, le Mount Stephen assure avoir déjà plusieurs réservations. S'attend-on à devenir le point de chute des vedettes internationales qui débarqueront à Montréal? «Je m'attends à ce que Céline Dion vienne chez nous», lance en riant M. Naoum.

lemountstephen.com/fr