Cuzco est lové dans un repli de la cordillère des Andes, à 3326 mètres d'altitude. Pas assez haut pour terrasser les voyageurs sujets au mal de l'altitude, mais assez pour que les visiteurs en provenance de Lima, sur la côte, s'étonnent d'avoir le souffle court en débarquant de l'avion! Sa fondation remonte au XIIe siècle, ce qui en fait la ville la plus ancienne des deux Amériques. Elle comptait un demi-million d'habitants lorsque les Espagnols sont arrivés, en 1533. Elle en abrite 350 000, aujourd'hui.

JOUR 1

8H

Mon hôtel est situé à deux pas de la Plaza de Armas, centre névralgique de Cuzco et, jusqu'à la conquête, de l'empire inca, puisque l'immense esplanade était alors bordée par les palais des empereurs incas qui se sont succédé entre les XIIe et XVIe siècles. Je me hâte vers la cathédrale, car en dehors des offices religieux, elle n'ouvre ses portes que de 6h à 10h. C'est aujourd'hui l'édifice le plus monumental de la place. On y admire des peintures de l'école de Cuzco, dont les artistes - des autochtones formés par les Espagnols - ne représentaient que des scènes à caractère religieux. Ils n'avaient pas le droit de signer leurs oeuvres, sous prétexte qu'elles n'étaient que des copies de tableaux de maîtres italiens ou espagnols. Malheureusement, l'éclairage à l'intérieur de la cathédrale est trop diffus pour permettre de bien admirer les toiles.

10H

De retour sur la place, j'emprunte la calle Loreto, qui commence par longer la très belle église des Jésuites. La Loreto n'est pas seulement une des rues les plus étroites de Cuzco. C'est aussi celle où les fameux murs incas, qui servent de socles à la moitié des édifices actuels, sont constitués des plus gros moellons de pierre. Je passe le reste de la matinée à traîner dans les rues en entrant dans quelques églises au passage. Santa Clara, San Francisco...

14H

Après un repas d'aji de gallina - du poulet à l'ail - dans une charmante gargote de la calle Plateros, j'arrive à l'église Saint-Dominique, construite sur les ruines du Qorikancha, l'ancien temple du Soleil. D'autres temples, notamment ceux de la Lune et de la foudre, entouraient une esplanade, devenue aujourd'hui la cour du couvent des Dominicains. Plusieurs murs sont très bien conservés. Leurs pierres - des polygones à multiples faces (certains en comptent plus de 20) - étaient taillées à la perfection et s'imbriquaient avec une précision si minutieuse que le mortier était inutile. Les murs du Qorikancha étaient jadis recouverts de feuilles d'or qui pesaient chacune deux kilos. À la conquête, les Espagnols les ont arrachées et fondues. À l'extérieur du couvent, on a aménagé des jardins en terrasses, d'où on peut contempler les fondations des anciens temples.

19H

C'est l'heure de l'apéritif. Depuis un des balconnets du Nomade, un des bar-restos branchés du quartier de San Blas, j'observe le spectacle de la rue. Puis, direction Incanto, un restaurant de la calle Santa Catalina, dont le décor n'aurait pas déparé Tribeca ou Milan. C'est mon premier contact avec la cocina novoandina - la nouvelle cuisine andine. Une révélation. Je déguste mon premier quinotto, un risotto de quinoa (une céréale qui constituait la nourriture de base des civilisations précolombiennes) , qui accompagne un filet d'alpaga, ce cousin du lama à la laine soyeuse promise à une carrière de vêtements de luxe.

JOUR 2

8H

Un autre lever tôt, cette fois pour aller arpenter les rues en pente de San Blas, ce quartier qui s'étend à flanc de colline derrière la cathédrale. Je m'y étais promené la veille au soir, mais l'éclairage déficient des rues ne permettait pas d'apprécier à leur juste valeur les murs incas, les balconnets de bois ouvragé et les belles façades baroques des petites églises et des couvents installés dans ce quartier - le plus agréable de Cuzco. Tôt le matin, il n'est pas encore envahi par les touristes. On n'y croise que des Cuzquenos qui se rendent au travail.

10H

Je passe près de deux heures dans le Museo Inka, à fureter entre les statues, les bijoux, les poteries, les momies et les multiples ustensiles et objets de la vie quotidienne sous l'empire inca.

13H

Départ pour Saqsayhuaman, le centre cérémonial qui domine la ville. Pour arriver ici, le minibus dans lequel j'ai pris place a gravi un enchevêtrement de rues escarpées, puis une route en lacet qui traverse une forêt d'eucalyptus. Les énormes blocs de pierre qui constituaient la base du sanctuaire impressionnent. Le plus monumental pèse 128 tonnes. Pour les amener sur le site à partir d'une carrière située à un peu plus d'un kilomètre, les Incas utilisaient les mêmes techniques que les bâtisseurs de pyramides: ils les faisaient rouler sur des rampes de troncs d'arbres. Les remparts du sanctuaire, tellement monumentaux qu'on a longtemps cru qu'il s'agissait d'une forteresse, courent sur un périmètre de six kilomètres. Depuis les terrasses, on bénéficie d'un point de vue extraordinaire sur la ville et son cirque de montagnes.

15H

La visite se poursuit avec les trois autres sites archéologiques des environs immédiats de Cuzco: Qenko, Pukapura et Tambomachay. Qenko est un sanctuaire labyrinthique formé par un ensemble de tunnels, d'escaliers et de passages taillés dans un énorme rocher calcaire. Le Pukapura est une sorte d'ouvrage de défense sans grand intérêt, contrairement à Tambomachay qui est un ancien centre thermal. L'endroit est d'ailleurs surnommé «le bain de l'Inca». Le retour au centre-ville s'effectue en un peu moins d'une demi-heure.

Les frais de ce voyage ont été payés par Gap Aventure et Vacances