Le soleil se couche et le ciel nuageux se confond avec la blancheur de la neige. Des dizaines de touristes marchent à la queue leu leu, fascinés par les glaciers bleus et les manchots papous en Antarctique, une destination de plus en plus prisée.

Le groupe a déboursé une petite fortune - 3000 dollars par personne - pour une incursion éclair de cinq heures sur le continent gelé, où ils arrivent en avion.

«Venir en Antarctique c'est la réalisation d'un rêve, pour ma femme et moi. Il y a quelques années nous avions essayé de venir, mais étions restés sur une liste d'attente. Pour être là aujourd'hui il a fallu s'inscrire il y a un an», déclare à l'AFP l'américain John Riess, 81 ans, au côté de sa femme Sharon, 73 ans.

Le couple a embarqué sur un navire de croisière en Floride (sud-est des États-Unis) où il vit, à destination de Punta Arenas, au sud du Chili, et de là a pris un vol de deux heures vers l'Antarctique.

Bases, village, colonies de pingouins

Les touristes ont visité la base chilienne Président Eduardo Frei dans l'île du Roi George, dans l'archipel des Shetlands du Sud, et la station russe voisine de Bellinghausen avec sa curieuse église orthodoxe. Ils ont également connu le petit village chilien Villa de las Estrellas avec seulement 64 habitants et bien sûr les colonies de manchots papous.

Autre possibilité d'excursion: parcourir l'île Half Moon Island, habitat des lions de mer et des colonies de manchots papous où se trouve la base argentine Teniente Camara. Là, les touristes peuvent boire du café chaud, envoyer des cartes postales et faire tamponner leur passeport d'un «krill», une petite crevette symbole de la base.

«Cela a été une expérience fantastique. Ce qui est spécial ici c'est d'abord de visiter un continent intact. Ensuite, de voir les pingouins. Tout le monde adore les pingouins. Moi, j'ai aimé aussi marcher près des bases et voir des scientifiques de plusieurs pays travailler ensemble», raconte la Canadienne Maureen Malone, 69 ans.

Le tourisme est l'une des rares activités économiques autorisées par le Traité de l'Antarctique et le Protocole de Madrid, qui interdisent l'exploitation minière sur le continent blanc.

La croisière en avion

L'Antarctique attire plus de 30 000 touristes pendant l'été, de novembre à mars, quand il est possible de naviguer sur les mers gelées et d'atterrir sans problèmes.

La plupart des touristes arrivent sur des navires qui traversent le redoutable passage de Drake dans l'Océan austral, l'une des zones maritimes aux pires conditions météorologiques, au départ d'Ushuaïa (sud de l'Argentine) et de Punta Arenas.

Le reste des touristes arrive en avion, d'après les données de l'Association internationale des voyagistes antarctiques (IAATO).

«90% des touristes du monde entier qui viennent en Antarctique partent d'Ushuaïa. Les croisières durent en moyenne 11 jours. Les moins chères coûtent 5000 dollars. Les plus chères, de 15 jours, qui vont jusqu'au Cercle polaire antarctique, coûtent 12 000 dollars», explique par téléphone le Brésilien Gunnar Hagelberg, propriétaire de l'opérateur Antarctica Expeditions.

Plus de 35 350 personnes auront visité l'Antarctique à la fin de l'été cette année, 1000 de plus que la saison dernière et 8000 de plus qu'en 2011-2012, selon l'IAATO.

«Nous transportons de 120 à 130 personnes par saison. Nous avons constaté une hausse de 15 à 20% du nombre de touristes voulant connaître ce continent», indique Nicolas Paulsen, sous-gérant commercial de la compagnie aérienne chilienne Dap, qui propose des vols logistiques et touristiques.

D'après M. Paulsen, le tourisme en Antarctique augmente de 3% de plus par an que le tourisme au Chili, en hausse de 7%. La plupart des touristes viennent des États-Unis, d'Australie, de Chine, de Russie, et de plus en plus du Brésil.

«L'Antarctique est vitale pour nous, elle influe sur le climat, sur les courants marins... Le tourisme est important, car plus de personnes connaîtront le continent, plus elles voudront le protéger», assure-t-il.

Photo Vanderlei Almeida, AFP