Imaginez un peu la chose : une ville de 400 000 habitants, située dans la forêt tropicale à 1000 kilomètres de la capitale, et totalement inaccessible par auto. C'est le cas d'Iquitos au Pérou, une destination incontournable pour qui veut connaître l'Amazonie.

C'est au Pérou que le fleuve Amazone prend sa source. Une visite à Iquitos est donc un dépaysement complet après avoir vu Lima, la capitale, ou avoir visité Cuzco et Machu Picchu.

Une précision s'impose: à moins de vouloir s'enfoncer en forêt au risque de s'y perdre, d'y attraper la malaria ou de subir la morsure d'un serpent, la jungle amazonienne le long du fleuve qui lui a donné son nom n'est pas une rupture complète avec la civilisation. On y retrouve de minuscules communautés fort accueillantes de producteurs de bananes et de riz regroupés autour de leur école et de leur église.

Bien plus encore que la jungle, ses animaux et ses oiseaux exotiques, c'est la rencontre des gens qui marquera le plus vos souvenirs d'un voyage en Amazonie. C'est un peuple issu de tribus autochtones dont les descendants se déplacent et font la pêche à bord de pirogues minuscules. Des gens éparpillés le long du fleuve, sans aucun service public comme l'électricité ou l'eau courante, qui se lavent et nettoient leur linge dans les eaux boueuses de l'Amazone, et qui vivent dans des maisonnettes rudimentaires bâties sur pilotis.

La meilleure porte d'entrée sur l'Amazonie péruvienne est à Iquitos. De là, des lodges touristiques installés le long du fleuve sur plus de 100 kilomètres vous accueilleront à des prix très abordables. Toutes les activités humaines dans cette région passent par le fleuve, qu'il s'agisse des bateaux-taxis, des péniches chargées de bois ou des pirogues des pêcheurs et des agriculteurs qui vont vendre leurs produits.

Inutile de prévoir un long séjour à Iquitos. Elle mérite deux ou trois jours tout au plus. L'auto n'existe pas dans cette ville frontière. C'est le royaume de la moto et, plus encore, des mototaxis. On vous amènera de l'aéroport en mototaxi et on vous proposera des visites de la ville dans ces véhicules originaux. C'est bruyant, poussiéreux, mais c'est une expérience unique.

La plus grande attraction d'Iquitos est le quartier de Belén et son marché public. C'est un rassemblement hétéroclite de kiosques où se côtoient les vendeurs de chair de tortue, de poissons, de médecines naturelles et de produits exotiques. Belén est un véritable bidonville dont les maisons et les cabanes sont bâties sur pilotis ou sur des radeaux qui suivent le niveau de l'Amazone. De juillet jusqu'à octobre, le fleuve est à son plus bas. Belén devient alors un immense champ de vase où les cabanes reposent dans tous les sens et sous tous les angles. Quand le niveau des eaux remonte, Belén devient une petite Venise, où les embarcations remplacent les motos.

La jungle

C'est la jungle qu'on veut voir à partir d'Iquitos. Les rabatteurs sont nombreux et vous offriront des séjours dans les lodges de la région. Nous avons joué de prudence et réservé au Ceiba Tops, à 40 kilomètres d'Iquitos. C'est le plus luxueux de la région, avec piscine creusée, air climatisé et même Internet! À 650 $US par personne pour cinq jours, repas compris et visites guidées tous les jours, c'est un prix honnête. Une seule réserve, le propriétaire est américain et la cuisine est en conséquence : abondante... et monotone.

Si votre budget est modeste, il y a plein de lodges moins luxueux. Il faut dormir sous des filets à cause des moustiques et faire une croix sur le confort de l'air climatisé, mais l'Amazonie est beaucoup moins humide en juillet et en août. En sept jours, nous n'avons eu que deux heures de pluie. En janvier, il pleut tous les jours, les moustiques sont légion et les sentiers, parfois impraticables. Comme tous les autres touristes, la mention de la jungle évoquait au départ la rencontre de serpents, de singes, de grands fauves et d'oiseaux exotiques. Vous en verrez, mais dans des milieux contrôlés ou au zoo d'Iquitos. Un séjour dans un lodge vous donnera une bonne idée de la jungle, mais il faut se rendre très loin et disposer de beaucoup de temps pour s'enfoncer dans la forêt tropicale et atteindre des régions sauvages comme la Réserva Nacional Pacaya-Samiria. Et même là, il faut prévoir quelques jours en pirogue et en camping pour atteindre les zones moins fréquentées. Si vous y allez, assurez-vous d'embaucher un guide très professionnel. La forêt tropicale, c'est beaucoup plus dangereux que la forêt laurentienne...

 

À savoir

> Coût de la vie

Iquitos, comme tout le reste du Pérou, demeure une destination peu chère. On peut s'y loger dans un hôtel très convenable pour 50 $.

> Communications

Internet est disponible partout. Les retraits bancaires par cartes de débit ou de crédit sont faciles et le téléphone est une aubaine.

> Climat

L'Amazonie vous garantit un climat tropical : pluvieux de novembre à avril et plus sec de mai à septembre. La température moyenne oscille autour de 28 degrés toute l'année. Le niveau du fleuve est à son plus bas en septembre. Il est donc préférable de s'y rendre en juillet ou en août.

> Vols

Air Canada a une liaison directe Toronto-Lima d'où partent de nombreux vols de Lan Airlines vers Iquitos.

> Sécurité

La criminalité se résume à de petits larcins à Iquitos. Là comme ailleurs, il faut éviter d'afficher le portefeuille, l'appareil photo, la montre et les bijoux.

> Santé

Vaccins contre la fièvre jaune, en sus de toutes les précautions recommandées pour les pays tropicaux. Médicaments contre la malaria.