Malgré le manque d'infrastructures, l'Angola et ses kilomètres de plages vierges commencent à attirer, huit ans après la fin de la guerre civile, deux catégories de touristes privilégiés: les adeptes de la pêche sportive et les ornithologues.

Dépenser des sommes folles dans un hôtel moyen de gamme, s'armer de patience pour obtenir un visa angolais, passer de longues heures sur des routes en mauvais état... Rien n'arrête ces passionnés quand il s'agit de pêcher le tarpon ou d'observer un touraco Pauline aux couleurs très vives.

Installé à l'entrée du parc national de Kissama, à 70 km au sud de Luanda, le Rio Kwanza Lodge attire de plus en plus de clients étrangers, principalement des Sud-Africains.

Entre novembre et mars, les amateurs viennent tenter leur chance pour capturer le tarpon, un poisson rare d'environ 100 kg, qui a pour réputation de se débattre violemment, avant de le relâcher puisqu'il s'agit d'une espèce protégée.

«Les gens ne viennent ici que pour ça. C'est la prise de leur vie! Avant, les Sud-Africains allaient jusqu'en Floride», lance Many Milner, cogérante de l'hôtel à l'embouchure du fleuve Kwanza qui se jette dans l'Atlantique.

La saison ne dure que cinq mois par an mais les touristes restent pour de longs séjours, très coûteux dans ce pays pétrolier. Il faut compter 5000 euros (6600 $CAN) pour un voyage organisé d'une dizaine de jours depuis l'Europe.

«La pêche demande de la patience, et il n'y a aucune garantie d'attraper quoi que ce soit le premier ou le deuxième jour. Alors les visiteurs restent une à deux semaines», explique-t-elle.

«Si elle bénéficiait d'un appui adéquat, l'industrie de la pêche pourrait se développer et devenir une des plus réputées sur tout le continent», estime cette Sud-Africaine d'une cinquantaine d'années.

Mais l'Angola, qui a accueilli 366 000 personnes en 2009 avec un visa de tourisme, est loin de pouvoir recevoir un tourisme de masse avec ses milliers de champs de mines et un réseau routier en piteux état après une interminable et sanglante guerre civile (1975-2002).

«Récemment, raconte Many Milner, des clients ont mis huit heures pour venir en voiture de l'aéroport de Luanda à cause d'inondations causées par la pluie. Ce parcours prend normalement une heure et demie. Ce n'est pas une bonne entrée en matière pour des visiteurs qui découvrent le pays pour la première fois».

Le parc Kissama, étendu sur un million d'hectares, renaît lui aussi de ses cendres après la guerre.

En 2001, des animaux ont été réintroduits dans une partie de ce parc, très apprécié pour ses poissons et oiseaux. Sur plus de 900 espèces recensées jusqu'à présent en Angola, les passionnés peuvent découvrir à Kissama des francolins à bandes grises, des pririts à front blanc et pour les plus chanceux, des Bagadais de Gabela, une espèce rare en voie de disparition.

«Nous avons eu des clients qui ont fait le déplacement depuis la Suisse juste pour voir nos oiseaux!», se réjouit Roland Goetz qui dirige le parc depuis huit ans.

Afin de développer ce tourisme de niche, l'urgence est de sensibiliser les Angolais à la préservation de l'environnement. Les populations déplacées par la guerre «pêchent tous les jours et ils n'ont aucune règle. Ils pêchent tout, s'énerve M. Goetz. Si ça continue, notre écosystème marin très riche sera détruit».