Imaginez que, par nostalgie, vous publiez sur Facebook une photo de l'un de vos amis décédé. Elle apparaît sur les écrans de vos proches, remuant des émotions qui peuvent se propager au gré des connexions du réseau social. C'est ce genre « d'interactions posthumes » survenant dans le monde virtuel entre morts et vivants qui intéresse Sonia Trépanier, candidate à la maîtrise à l'UQAM.

« Qu'est-ce qui motive les gens à publier ce contenu ? Comment, à long terme, cela affecte-t-il le rapport au deuil ? Est-ce que c'est positif ou négatif ? Est-ce que Facebook devrait gérer ça différemment ? Est-ce que les gens devraient être plus au courant ? C'est tout ça que je veux savoir », explique Mme Trépanier, qui démarre ses recherches.

Facebook donne l'option de planifier ce qu'il adviendra de notre page Facebook lorsque nous mourrons (la supprimer ou la léguer à un ami). Des proches peuvent aussi demander de fermer la page d'un défunt ou de la faire transformer en page commémorative. « La plupart du temps, les gens ne le font pas et la page devient simplement inactive », dit Mme Trépanier. Dans ce cas, l'algorithme de Facebook lui-même peut soudainement faire resurgir la photo d'un défunt comme souvenir, ou même proposer cette personne comme ami. Les émotions qui s'ensuivent peuvent être d'autant plus inattendues. Mme Trépanier compte d'abord observer les interactions posthumes qui se déroulent sur Facebook, puis faire passer des questionnaires à ceux qui en prennent l'initiative et ceux qui les subissent pour comprendre leurs motivations et leurs émotions.