La télévision mobile personnelle (TMP), qui transformera nos téléphones portables en mini-télévisions, verra enfin le jour en France au second semestre 2011, après des années de tergiversations, et les premiers à se lancer dans l'aventure seront Virgin Mobile et le diffuseur TDF.

Il était temps: la TMP, lancée en Corée du Sud, au Japon et en Europe (Italie, Autriche...), était attendue dans l'Hexagone pour 2007.

Mais personne, des opérateurs télécoms aux chaînes en passant par les diffuseurs, ne semblait disposé à payer ce mode de diffusion, qui nécessite d'implanter un nouveau réseau d'antennes.

Pour les chaînes, l'argument est simple. Comme ce sont les clients mobiles qui regarderont la TMP, avec un surcoût éventuel à leur forfait, il semble logique que les opérateurs financent ce service.

Refus catégorique de ces derniers, qui affirment ne pas avoir besoin de la TMP puisqu'ils diffusent déjà la télévision via leurs réseaux 3G, comptant des centaines de milliers d'utilisateurs.

Mais ce sont des usages gourmands en bande passante, chaque client déclenchant une connexion à l'internet mobile. D'où un risque de saturation.

La TMP, qui utilisera la technologie DVB-H, permettra de désengorger le système: le flux, continu, sera diffusé par voie hertzienne comme pour un téléviseur classique. Plus besoin de passer par l'internet mobile, il suffira d'allumer son téléphone (ou un lecteur portable équipé d'une puce DVB-H).

La réponse est finalement venue du diffuseur TDF: il financera le réseau (estimé en 2009 à au moins 60 millions d'euros par an), qui couvrira 50% de la population métropolitaine.

Pour donner l'impulsion, il a annoncé jeudi son alliance avec Virgin Mobile, opérateur virtuel hébergé par Orange (France Télécom), et lui accorde une exclusivité de «moins de six mois».

«Le financement du réseau est assuré à 100% par TDF qui, lui-même, refacturera à ses clients diffuseurs comme nous», a expliqué à l'AFP le patron de Virgin Mobile, Geoffroy Roux de Bézieux.

En clair, Virgin, qui a 1,7 million de clients, louera le réseau d'Orange pour les services classiques (voix, SMS, internet mobile) et celui de TDF pour la télévision.

«C'est l'étape décisive», a jugé la secrétaire d'Etat au Numérique Nathalie Kosciusko-Morizet, qui avait remis en 2009 au Premier ministre François Fillon des propositions sur le sujet.

Même si l'accord doit être approuvé par les chaînes (16 sélectionnées pour la TMP) et le CSA, «le gros du travail est fait, on a réussi à sortir de la situation de blocage», a-t-elle souligné. Et elle prédit «une saine émulation» du côté des chaînes, «premières bénéficiaires» de l'accord, et des opérateurs «qui pourraient être amenés à reconsidérer leur position».

BFM TV s'en «réjouit» déjà car «cette proposition résout la question du modèle économique».

Les chaînes ont jusqu'au 8 juin pour créer une société commune qui gérera leur diffusion sur la TMP.

«Nous espérons que d'autres distributeurs se joindront à nous», a déclaré Olivier Huart, patron de TDF, qui vise «un million d'abonnés sur quelques années».

Le coût de la TMP pour l'abonné devrait revenir à «quelques euros par mois», estime TDF. Virgin Mobile se dit «plutôt enclin à ce stade à réfléchir à des packs avec la télévision incluse».

Reste à résoudre un léger détail: fournir des téléphones compatibles, équipés d'une puce DVB-H.

Il n'en existe encore aucun en France, un argument déjà soulevé par les opérateurs, qui doutaient aussi de la volonté des clients de payer pour ce service. Contactés par l'AFP, ils n'ont pas souhaité s'exprimer jeudi.