Pendant dix jours, à partir de mardi, les 250 enfants d'une école de la banlieue de Strasbourg, dans l'est de la France, se priveront volontairement de tout écran de télévision, d'Internet ou de console de jeu, une première en Europe selon les concepteurs du projet.

«Ce sera le match de toute une école contre un ennemi qui a de gros moyens de séduction», et ce n'est «pas gagné d'avance», reconnaît Xavier Rémy, directeur de l'école, quelques jours avant le démarrage de l'opération «Défi, 10 jours pour voir autrement».

Cette expérience, conçue à l'origine par des chercheurs canadiens, est organisée avec l'appui de nombreux parents, et des associations de quartier chargées de proposer des occupations alternatives aux enfants.

Pour se préparer à «voir autrement» et à devenir moins passifs devant la télévision, les petits de 6 à 11 ans ont été initiés depuis plusieurs mois à décrypter les images, à décortiquer des spots publicitaires et même à créer des vidéos.

Lundi, ils recevront chacun un carnet de bord et s'engageront solennellement «à faire tout ce qui est humainement possible pour réussir ce défi et à compter honnêtement les points» marqués au cours de 10 jours d'abstinence.

Le nombre des points gagnés individuellement contre «l'ennemi» (cinq au maximum les jours d'école, sept les jours sans) sera collecté au niveau de la classe, puis au niveau de l'école.

«Le maximum pour l'école est de 14 732 points. On estimera qu'on a gagné le match si on obtient environ 70%», sourit le directeur.

L'expérience est née du constat que les enfants passent 1200 heures par an devant leurs écrans, contre 800 à l'école, et qu'un enfant de 11 ans a vu en moyenne 8000 meurtres à la télévision, explique Serge Hygen, chargé du projet à Éco-Conseil, un institut spécialisé dans le développement durable et l'initiation à la citoyenneté.

Les études menées au Québec et aux États-Unis sur de telles actions montrent une réduction très sensible des violences verbales et physiques, sans compter une amélioration de l'alimentation et de la santé.

L'opération se poursuivra l'an prochain dans deux autres écoles de la ville.