Le studio de jeux vidéo Bioware Montréal a dû y mettre le temps, cinq ans presque exactement, mais il s'apprête finalement à lancer mardi prochain le quatrième épisode très attendu de la populaire série Mass Effect.

Le projet a occupé jusqu'à 250 personnes, dont plus de la moitié à Montréal, le reste étant partagé entre Edmonton et Austin, au Texas.

« Cinq ans, c'est à la limite de là où l'on est prêts à aller », concède Yanick Roy, le directeur général de Bioware Montréal, une filiale du géant Electronic Arts. « Il y avait tellement de nouveaux éléments : une nouvelle génération de consoles, un nouveau moteur de jeu, de nouveaux personnages, etc. »

Mass Effect : Andromeda, le premier épisode dirigé depuis Montréal, hérite en effet d'un rôle particulier, soit celui de replacer la très populaire série sur une nouvelle trajectoire, après la conclusion de la trilogie originale.

« Quand nous avions lancé le premier épisode, nous savions dès le départ que ce serait une trilogie, se souvient M. Roy. Là, nous disons que c'est le départ d'une nouvelle série, mais on veut se garder plus de flexibilité sur le nombre d'épisodes. »

Le succès de la série Mass Effect, qui se déroule dans un univers futuriste dont les prémisses ne sont pas sans rappeler Star Wars ou Star Trek, repose en grande partie sur une combinaison unique de scènes d'action et d'éléments de jeux de rôle comme la personnalisation des personnages, de longues et nombreuses conversations avec embranchements, la prise de décisions avec des conséquences à long terme sur l'histoire du jeu, etc.

Dans Andromeda, les protagonistes se réveillent au terme d'un voyage spatial de 600 ans qui les a menés vers une nouvelle galaxie, où ils doivent établir une nouvelle colonie humaine.

Il en résulte un jeu que ses créateurs qualifient d' « immense », dans lequel le seul mode solo peut accaparer plus d'une centaine d'heures, promet-on.

Son lancement survient avec environ trois mois de retard.

« Nous visions les Fêtes, affirme M. Roy. Trois mois de retard sur cinq ans, aussi bien dire que nous n'avons pas eu de retard. »

Selon lui, une partie du retard s'explique par l'ambition de son équipe.

« Comme nous sommes une nouvelle équipe, nous essayons de prouver quelque chose. Dans ce contexte, tu as tendance à aller du côté extrême en termes d'ambitions. Avec un tel niveau d'ambition, tu ne te rends pas la vie facile. »

EA A CONFIANCE EN MONTRÉAL

En cinq ans, l'environnement de travail de Bioware Montréal a aussi beaucoup changé. Le studio a en fait célébré le 1er mars dernier ses huit ans d'existence. À son arrivée, en 2009, ses employés avaient rejoint d'autres équipes du géant EA déjà présentes à Montréal. Depuis, celles-ci ont toutes été abolies et, jusqu'à tout récemment, on ne donnait pas cher de la peau des créateurs de Mass Effect : Andromeda, une fois que leur travail serait achevé.

La création en ville d'un autre studio d'EA, Motive, mené par Jade Raymond, a heureusement changé la donne.

« Nous étions dans un environnement où les équipes disparaissaient autour de nous, ce qui avait inévitablement un effet sur l'ambiance de travail, confirme M. Roy. Mais là, avec nous qui livrons la marchandise et l'équipe de Jade qui arrive, on sent que la boule de neige est repartie dans la bonne direction. La confiance d'Electronic Arts envers Montréal est très élevée présentement. »

Cette impression se confirme par la décision de l'entreprise de faire déménager ses deux studios dans de tout nouveaux locaux, à la Maison Alcan. Motive a déjà quitté la Place Ville-Marie, où EA s'était installée en 2004, et environ 115 employés de Bioware Montréal devraient faire de même à la fin du printemps.

Mass Effect Andromeda. Jeu video. Image fournie