Avec Nooja, le studio français Yamago propose aux plus jeunes de s'initier aux jeux en ligne massivement multi-joueurs, un secteur qui s'est jusqu'à présent surtout adressé à un public plus mature.

Dédié principalement aux enfants âgés de 8 à 14 ans, ce titre, accessible directement via le navigateur de l'ordinateur, prend place dans un univers où vivent trois tribus, les O-Nix, les B-Blaz et les Flu-O, qui représentent chacune un style musical, à savoir le rock, le rap et la musique électronique.

Au début de la partie, le joueur est invité à choisir le groupe qu'il souhaite rejoindre et à personnaliser son avatar avec différents maquillages, vêtements ou accessoires. Si l'accès au jeu est gratuit, il est possible de s'abonner, à raison de cinq euros par mois, pour obtenir davantage de contenu.

À l'opposé de productions plus adultes comme le jeu de rôle World of Warcraft, la progression se fait sans la moindre arme: pour avancer, les personnages apprennent des chorégraphies qu'ils doivent reproduire pour se débarrasser d'un ennemi.

«On voulait offrir une expérience adaptée aux plus jeunes qui pourrait aussi intéresser les parents, c'est pourquoi la musique nous a paru être un thème fédérateur», explique le président de Kazago, la société qui édite le jeu, Ethan Beardsley.

À l'instar d'autres jeux en ligne, Nooja repose grandement sur la coopération entre les participants, qui peuvent échanger via une fenêtre de discussion ou des émoticônes censés représenter leur état d'esprit, cette dernière solution étant privilégiée par «les plus petits qui ont du mal à taper sur un clavier», souligne Mathieu Antoine, directeur artistique.

D'autres outils font par ailleurs fortement penser aux réseaux sociaux, comme la liste d'amis, présente par exemple sur le site de socialisation Facebook.

«Cela permet aux enfants d'avoir une première approche de ces sites, avant qu'ils ne s'y créent un compte quelques années plus tard», observe M. Antoine.

«Durant nos phases de test, on s'est même aperçu qu'ils intégraient assez vite cette dimension sociale puisqu'ils s'amusaient à prendre en photo leur personnage avant de la poster sur notre forum, comme les gens qui mettent en ligne leur photo sur Facebook», ajoute-t-il.

En raison de la jeunesse du public visé, les développeurs ont mis l'accent sur le contrôle des parties. A des mesures techniques, comme un filtre afin de prévenir les insultes, s'ajoute une équipe de modérateurs formés par Yamago et qui ont l'habitude de travailler avec des enfants.

«Nous faisons en sorte d'avoir toujours une présence dans Nooja, avec un mécanisme de sanctions. On fait attention à ce que les enfants se respectent ou ne divulguent pas leurs informations personnelles à des inconnus», détaille Xavier Antoviaque, responsable de la modération.

À la première incartade, un bannissement de 24 heures est appliqué. En cas de récidives, il passe à 48 puis à 72 heures. Au quatrième écart, le joueur est définitivement exclu et doit recommencer le jeu depuis le début.

Le risque d'addiction au jeu a lui aussi été pris en compte puisque chaque joueur dispose de crédits qui ne l'autorisent à jouer qu'à un nombre défini d'activités chaque jour.

«Grâce à cela, nous évitons le cercle vicieux qui force à jouer longtemps pour devenir de plus en plus fort», se félicite M. Beardsley.

Disponible pour le moment en français, Nooja fera bientôt l'objet d'une version anglaise afin de conquérir le marché anglo-saxon et d'atteindre le seuil des 50.000 abonnés, nécessaire pour rentabiliser ce projet qui aura coûté 1,2 million d'euros.