La présidente brésilienne Dilma Rousseff a affirmé mercredi qu'«aucun pays ne doit avoir plus de poids que les autres» dans la gouvernance d'internet, à l'ouverture d'un sommet international visant à remettre en question la tutelle américaine sur la Toile.

«La gouvernance d'internet doit être multipartite, transparente et ouverte à tous. La participation des gouvernements doit aussi intervenir pour qu'aucun pays n'ait plus de poids que les autres. Nous voulons vraiment avoir des relations qui soient plus démocratiques», a déclaré Mme Rousseff.

Consacré à la gouvernance d'internet, le sommet NETmundial de mercredi et jeudi à Sao Paulo vise notamment à en finir avec l'hégémonie américaine sur les instances de régulation d'internet.

Cette démarche est motivée par le scandale de l'espionnage des courriels de Mme Rousseff et de ses collaborateurs par l'Agence américaine de sécurité (NSA), révélé à l'été 2013 par l'ex-consultant américain Edward Snowden.

Dans son discours d'ouverture, Mme Rousseff a estimé que «l'espace internet doit être un territoire de confiance, de droits humains, de citoyenneté, de collaboration et de paix».

Celle-ci a toutefois «salué la décision» prise le mois dernier par Washington «de revoir son lien institutionnel» avec l'Icann («Internet Corporation for Assigned Names and Numbers»), l'organisme qui délivre notamment les noms de domaine comme .com ou .gov, et dont le siège se trouve en Californie.

Une transition vers un nouveau statut de l'Icann a été engagée avec une échéance fixée à janvier 2015.

Pour des raisons principalement historiques, les États-Unis contrôlent ou hébergent les principaux organismes administrant les adresses, noms de domaines, normes et protocoles du web, ce qui provoque depuis plusieurs années des protestations parmi les acteurs du net et certains gouvernements.

Pour l'ONU, la gouvernance d'internet doit réduire la fracture numérique

La gouvernance d'internet doit viser à réduire la fracture numérique entre ceux qui ont accès au réseau et les autres qui représentent les deux tiers de la population mondiale, a estimé mercredi l'ONU lors du sommet international NETmundial à Sao Paulo.

«Il est essentiel que les politiques de gouvernance d'internet continuent à porter la liberté d'expression et la libre circulation des informations», a déclaré le secrétaire adjoint des Nations unies pour les affaires économiques et sociales, Wu Hongbo.

«L'importance d'internet implique d'étendre son accès, a-t-il poursuivi. Un tiers de la population mondiale a aujourd'hui accès à internet et aux connaissances que cet outil apporte. Un nombre croissant de personnes dispose désormais d'une plate-forme pour manifester ses opinions et participer dans la société».

Le 1,3 milliard de foyers qui n'ont pas encore accès au réseau «se trouvent majoritairement dans les pays en voie de développement, où il y a en outre de significatives fractures de genre», a ajouté le représentant de l'ONU.

«La gouvernance d'internet doit travailler à réduire la fracture numérique à travers des politiques inclusives et basées sur le droit», a-t-il insisté.

Élargir l'accès à la Toile dans les pays en voie de développement a également été réclamé par des représentants de la société civile, comme la Nigériane Nnenna Nwakanma, cofondatrice de l'organisation Free Software and Open Source Foundation for Africa (Fossfa).

En Afrique, seuls 16% des habitants ont accès à internet, a-t-elle avancé. Selon elle, les révélations de l'ex-informaticien américain Edward Snowden sur l'espionnage de la part des États-Unis ont «nui à la confiance en internet».

Les représentants de plus de 80 pays, d'entreprises liées à internet et de la société civile se réunissent mercredi et jeudi à Sao Paulo pour débattre d'un nouveau modèle de gouvernance du web.