La plateforme d'échange de bitcoin MtGox s'est placée vendredi sous la protection de la loi sur les faillites au Japon, évoquant la perte d'un demi-milliard de dollars en monnaie virtuelle qui pourrait lui avoir été volé.

«Nous avons perdu des bitcoins à cause des faiblesses du système. Nous sommes désolés pour les problèmes causés à toutes les personnes concernées», a expliqué le PDG de MtGox, Mark Karpelès au tribunal de Tokyo, d'après des images diffusées par les télévisions japonaises.

L'avocate de l'entreprise a expliqué que 750 000 bitcoins de ses clients et 100 000 bitcoins de la firme elle-même avaient disparu, précisant qu'ils auraient pu être dérobés par des pirates informatiques.

Au taux d'échange du jour du bitcoin - 561 dollars peu après 5 h, heure de l'Est, le montant de cette monnaie virtuelle perdue atteint quelque 477 millions de dollars (345 millions d'euros).

La chaîne de télévision publique NHK a précisé que MtGox s'était aussi fait voler jusqu'à 2,8 milliards de yens de liquidités qu'elle gérait (20 millions d'euros), sans préciser par quel moyen.

Elle a ajouté que le tribunal de Tokyo avait accepté la demande de protection émise par MtGox.

L'une des plus anciennes et importantes bourses d'échange de bitcoin, MtGox a cessé ses transactions depuis le 7 février, plongeant ses clients dans l'inquiétude et cette monnaie virtuelle dans la plus grave crise de sa jeune histoire.

M. Karpelès, originaire de Chenôve (Bourgogne, centre-est de la France), était même introuvable depuis que le site internet de son entreprise a été entièrement vidé de son contenu mardi dernier.

Il était resté aussi en retrait des réseaux sociaux où il dispose de nombreux comptes, sur lesquels il se présente comme un programmateur informatique invétéré, un créateur d'entreprise expérimenté malgré son jeune âge et un amoureux de son chat.

Restrictions vietnamiennes

Le bitcoin, qui ne valait que quelques cents a sa création en 2009, a vu sa valeur s'envoler et culminer au-delà de mille dollars à la fin de l'année dernière. En dehors de MtGox, il reste coté normalement sur ses plateformes habituelles en Chine, en Europe et aux États-Unis.

Les autorités japonaises ont demandé aux services de surveillance financière et à la police d'enquêter sur l'affaire MtGox, mais se trouvent relativement désemparées, comme celles des autres pays, face au phénomène bitcoin dont l'objet même consiste à se développer en dehors des systèmes de régulations habituels.

Plus tôt vendredi, le ministre japonais des Finances avait prévenu que Tokyo allait néanmoins agir.

«Je pensais depuis longtemps que nous aurions à agir à un moment ou à un autre» vis-à-vis de MtGox et du bitcoin, a expliqué Taro Aso. «Mais je dois dire que ce moment est arrivé plus rapidement que prévu», a-t-il dit, ajoutant qu'il pensait «bien que ça allait s'écrouler à un moment».

Jeudi, la présidente de la banque centrale américaine (Fed), Janet Yellen, avait souligné que la Fed n'avait «pas d'autorité sur le bitcoin» et qu'il n'était «pas facile de réglementer» cette monnaie virtuelle qu'elle a qualifiée «d'outil innovant de paiement qui a pris sa place en dehors du système bancaire».

«Il serait certainement opportun pour le Congrès (américain) de poser des questions sur le cadre légal qui serait approprié pour ces monnaies virtuelles, lesquelles engagent des intervenants non traditionnels hors de toute réglementation», avait ajouté Mme Yellen lors d'une audition devant le Sénat.

Au Vietnam, les autorités ont rejoint celles d'autres pays, comme la Chine et la Russie, qui restreignent l'usage du bitcoin, en interdisant à ses banques de manier cette monnaie virtuelle qu'elle juge risquée.

La Banque centrale du Vietnam a aussi mis en garde contre tout investissement dans le bitcoin ou son utilisation pour des transactions, précisant avoir été forcée à prendre position après avoir remarqué une hausse de son utilisation.