Les Québécois méritent le bonnet d'âne pour leur utilisation des réseaux sociaux et des téléphones intelligents, a affirmé jeudi Jennifer Stoddart, la Commissaire à la protection de la vie privée du Canada.

Selon un sondage commandé par son bureau, les internautes québécois sont particulièrement peu préoccupés par la protection de leurs renseignements personnels.

Les Québécois se classent aussi au bas de la liste concernant leurs connaissances des questions de protection de la vie privée et l'importance qu'ils accordent à cet enjeu.

Par exemple, les répondants du Québec sont les moins préoccupés du pays par les entreprises qui communiquent ou vendent des renseignements personnels, selon le coup de sonde. Seulement 60 pour cent d'entre eux se préoccupent de cette question, contre 71 pour cent en Colombie-Britannique.

À peine un tiers (36 pour cent) des répondants habitant le Québec disent avoir ajusté les paramètres de leurs appareils mobiles afin de limiter la quantité de renseignements personnels partagés, se désole aussi Mme Stoddart.

La Commissaire à la vie privée du Canada avoue ne pas avoir d'explication claire pour ce mauvais bilan.

«Ça m'a étonnée. Moi je suis québécoise, je vis au Québec. Le Québec a une excellente législation provinciale sur la protection des renseignements personnels, qui est très accessible aux gens», a-t-elle expliqué, en soulignant qu'elle était le chien de garde de la vie privée pour la province avant d'entrer en poste à Ottawa.

Mme Stoddart souligne que selon le sondage, les Québécois semblent être moins branchés que les autres Canadiens. Cela pourrait expliquer qu'ils s'intéressent moins à la protection de leur vie privée sur la toile.

Sur le plan national, Mme Stoddart regrette aussi que les Canadiens soient nombreux à ne pas appliquer les conseils de sécurité de base lorsqu'ils utilisent leur téléphone intelligent ou leur tablette électronique.

Seulement 40 pour cent des répondants ont affirmé protéger leur appareil par un mot de passe ou modifier ses options afin de réduire la quantité de données qui y sont stockées.

L'arrivée sur le marché d'une myriade de téléphones intelligents a compliqué la tâche des citoyens branchés, a expliqué Jennifer Stoddart.

«On parle de plus en plus de pouvoir faire des choses comme pénétrer dans son compte de banque à partir du téléphone, faire des transferts, même faire des paiements», a illustré la Commissaire.

«Ne pas utiliser un mot de passe devient de plus en plus dangereux.»

À peine un répondant sur cinq indique qu'il lit toujours (sept pour cent) ou souvent (14 pour cent) les politiques de protection de la vie privée des sites Internet qu'il consulte.

Si les Canadiens ne semblent pas être très prudents sur la toile, ils demeurent toutefois très critiques quant à l'utilisation de leurs renseignements personnels.

À peine 14 pour cent des répondants, soit un sur sept, pensent que les entreprises prennent au sérieux leur responsabilité de protéger les renseignements personnels des consommateurs.

Une majorité solide des Canadiens sont d'avis que leurs renseignements personnels sont moins en sécurité qu'il y a dix ans.

Les trois quarts des répondants possédaient un téléphone intelligent, un téléphone mobile ou une tablette électronique.

Le coup de sonde, effectué auprès de 2000 adultes canadiens l'hiver dernier, comporte une marge d'erreur de plus ou moins 2,2 pour cent, 19 fois sur 20.