Le président vénézuélien Hugo Chavez y lance des appels au vote, son homologue argentine Cristina Kirchner l'y félicite de sa victoire électorale: les dirigeants latino-américains sont devenus accrocs à Twitter pour communiquer entre eux ou avec leurs concitoyens.

Le site de microblogues a croulé sous les messages d'Hugo Chavez dimanche, à l'occasion des législatives au Venezuela.

«Tous et toutes (aux urnes) au son des trompettes et à l'offensive!», «Mobilisation maximale, poussez fort sur tout le front de bataille!», a lancé le dirigeant socialiste, avant de réduire le débit après l'annonce d'une victoire plus courte qu'il ne l'espérait.

«Bonjour, monde en lutte! Un bref repos réparateur et... continuons la bataille! L'opposition dit qu'elle a gagné. Qu'ils continuent à "gagner" comme ça!», a écrit lundi Chavez, suivi par 850 000 personnes sur Twitter.

Le chef de file de la gauche radicale en Amérique latine est un précurseur sur ce site, où il a troqué ses longs discours pour un style concis en 140 caractères maximum.

Déjà omniprésent dans les médias traditionnels, il a ouvert fin avril son compte @chavezcandanga sur Twitter pour devenir un «activiste cybernétique» et contrer l'influence de l'opposition sur les réseaux sociaux.

C'est à cette adresse que Mme Kirchner l'a félicité lundi matin de son succès électoral.

«Salut Hugo. Félicitations à toi et à tout le Venezuela. Excellente élection», a écrit la présidente argentine, depuis New York, sur son compte @CFKArgentina.

D'autres dirigeants latino-américains ont attrapé le virus. Le président chilien Sebastian Pinera y raconte ses activités quotidiennes, tandis que son ministre des Mines, Laurence Golborne, y informe des avancées des opérations pour secourir les 33 mineurs bloqués au fond d'une mine depuis le 5 août.

Le président mexicain, Felipe Calderon, débat régulièrement avec les 190.000 qui le suivent sur @FelipeCalderon de sa stratégie controversée contre les cartels de la drogue tenus pour responsables de plus de 28 000 morts depuis son arrivée au pouvoir fin 2006.

«Il faut s'habituer au fait que la communication ne passe plus seulement par les médias traditionnels, qu'un canal direct s'est ouvert entre citoyens et dirigeants», estime la sociologue argentine Doris Capurro, présidente de l'institut Capurro y Asociados.

«C'est une manière de s'adresser au public sans avoir à passer par les médias de masse», abonde le chercheur en communication politique de l'université autonome de Mexico, Gerardo Dorantes.

Twitter revendique 145 millions d'utilisateurs dans le monde et c'est en Amérique latine que sa croissance est la plus forte (15,4 millions d'utilisateurs en juin, soit quatre fois plus qu'un an plus tôt), selon le site spécialisé www.comscore.com.

Mais pour Gerardo Dorantes, l'usage de twitter sert surtout à rajeunir l'image des dirigeants, car sur le fond, «quand le gouvernement l'utilise, c'est pour faire passer le même discours». «Ce sont de nouveaux médias, mais de vieilles pratiques», résume-t-il.

Et alors que les différents candidats à la présidentielle brésilienne de dimanche multiplient les «twits», d'autres restent à convertir.

«Je crois que Twitter est une forme d'esclavage», a déclaré récemment le président brésilien sortant Luiz Inacio Lula da Silva.

Le dirigeant cubain Fidel Castro, 84 ans, préfère quant à lui le site officiel cubadebate.cu pour publier ses «Réflexions du camarade Fidel» sur l'internet.