Le «Google Bombing» dont est victime Nicolas Sarkozy pour la deuxième fois, est une technique de «détournement» du net qui sert à «dézinguer» la page d'une personnalité, explique Olivier Ertzscheid, universitaire spécialiste de l'internet et maître de conférences à Nantes.

Depuis ce weekend, un référencement sauvage fait apparaître la page officielle du président de la République sur Facebook en tête des résultats quand les internautes tapent le mot-clé «trou du cul» sur le numéro un des moteurs de recherche.

Q: En quoi consiste le «Google Bombing», est-ce une nouvelle forme de piratage?

R: «Ce n'est absolument pas du piratage mais simplement une manière d'utiliser et de détourner le système d'exploitation du moteur de recherche. Quand on veut "dézinguer" une page, l'objectif pour les auteurs est de produire un maximum de liens entrants dans Google qui associent un mot-clé et une adresse. Google évalue la valeur et la popularité des sites grâce à son système "PageRank": donc plus ces sites ou ces pages ont un "rang élevé" et plus ils auront de poids et d'influence pour que leurs informations figurent en tête des résultats de recherche».

Q: Combien de sites ou de personnes interviennent dans un cas de ce type?

R: «C'est très difficilement chiffrable, mais grosso modo on peut dire que 5000 sites ou pages ayant un "ranking" important peuvent arriver à leurs fins assez rapidement en termes de "Google Bombing". Par contre, si des sites, pages ou blogs ont une "valeur" moins élevée, il faudra qu'ils soient 10 000, 20 000 ou même plus pour réussir, et en plus de temps».

Q: Quelle est la politique de Google en la matière? Interviennent-ils?

R: «Initialement le credo fondamental du groupe, c'est zéro intervention humaine, notamment sur le classement de ses résultats de recherche. On l'a bien vu avec un des premiers cas de "bombing" d'ampleur, celui qu'avait subi Georges W. Bush il y a plusieurs années: lorsqu'on tapait "miserable failure" ("échec cuisant") sur Google, le premier résultat de recherche renvoyait sur sa biographie officielle sur le site de la Maison Blanche. Et ce lien est resté en ligne plus de deux ans, Google n'est pas intervenu! Ils continuent à s'y tenir, alors qu'il est très simple, techniquement, d'éliminer ce genre de liens».

Propos recueillis par Katia DOLMADJIAN