L'éventuelle entrée en Bourse du site américain de vidéos en ligne Hulu, évoquée par la presse cette semaine, témoigne d'une course effrénée des acteurs pour se placer au mieux dans un secteur en pleine ébullition.

L'opération révélée en début de semaine par le New York Times représenterait l'une des plus importantes de l'année dans le secteur des médias et pourrait valoriser la société à plus de 2 milliards de dollars.

«Hulu est détenu par trois des studios les plus puissants, Disney (qui détient le réseau ABC, ndlr), NewsCorp (propriétaire de Fox, ndlr) et NBC Universal. Il pourrait obtenir du capital sans entrer en Bourse, mais il profite du fait que le secteur est vraiment en plein boum», souligne un analyste du secteur qui préfère garder l'anonymat.

La concurrence est forte, dans un secteur qui se cherche face au changement des habitudes des ménages dans sa consommation de télévision.

Selon une étude du cabinet spécialisé ComScore publiée lundi, 178 millions d'utilisateurs d'internet américains ont regardé du contenu vidéo en ligne au mois de juillet, avec une moyenne de 14,7 heures par spectateur.

Hulu se retrouve bon dernier en terme de spectateurs uniques (28,4 millions), loin derrière les sites de Google (143,2 milions), dont YouTube, mais possède un fort taux de fidélité, puisque chaque visiteur comptabilise 158 minutes visionnées.

Trois modèles dominent dans un secteur qui tente de s'adapter aux nouvelles habitudes des ménages.

L'abonnement a été adopté aux États-Unis par le loueur de DVD par correspondance Netflix, qui propose également des programmes diffusés en flux (streaming), et récemment par Hulu, qui propose un service payant permettant de visionner des saisons complètes de séries télévisées, et d'accéder au service depuis son iPhone ou sa télévision.

La vidéo à la demande est elle plébiscitée par le distributeur en ligne Amazon et par le géant informatique Apple, au travers d'iTunes, tandis que YouTube et la majorité des contenus de Hulu sont financés par la publicité.

«Avec le temps, les différentes compagnies vont passer d'un seul modèle à l'adoption de deux, voire tous les modèles», estime l'analyste.

Ainsi Apple faisait l'objet de rumeurs sur le lancement d'un service par abonnement, tandis que Redbox, l'un des concurrents de Netflix, pourrait lancer également un service en streaming.

La principale bataille devrait toutefois se jouer sur le contenu proposé par les différents acteurs du secteur.

«Ce qu'il manque, c'est un aggrégateur de contenu», explique Michael Pachter, de Wedbush Securities.

«Actuellement, personne ne possède tout. Les sites de films proposent leurs propres films, Apple a la plupart des nouveautés et quelques catalogues, Netflix a beaucoup de vieux contenus et chaque grand réseau de télévision ses propres programmes», souligne M. Pachter.

Mercredi, le Wall Street Journal rapportait que Google était en pleine promotion de son service Google TV auprès des grandes chaînes américaines. L'appareil propose d'accéder aux programmes de télévision en direct ou enregistrés, mais aussi aux vidéos sur internet en profitant des capacités de recherche de Google, directement sur son poste.

Selon le quotidien économique, certains groupe de médias envisageraient toutefois de bloquer l'accès à leurs contenus sur certains appareils.

«On commence à voir une véritable frénésie d'achat de contenus», souligne l'analyste anonyme.

Netflix a ainsi signé le 10 août un contrat imposant, estimé à environ 1 milliard de dollars pour 5 ans, avec la chaîne de télévision payante EPIX pour pouvoir puiser dans son catalogue de films des studios Paramount, Lionsgate et MGM. Son action évolue actuellement à des sommets historiques.